Pénibilité / contraintes / ressentis physiques et psychologiques au travail

Au moment où le gouvernement lance le nouveau plan santé-travail, 4ème du nom l’usure professionnelle est quelque peu oubliée depuis l’arrivée de la crise sanitaire en France.

Pourtant, vous êtes nombreuses et nombreux à vous poser la question de l’adaptation de votre organisation  d’entreprise vis-à-vis des plus âgés. Et si vous ne vous posez pas la question… c’est sans doute que vous avez une approche restreinte et limitée de ce sujet d’entreprise.

Alors que la pénibilité annoncée en 2010 s’avère le fiasco de la décennie en matière de prévention. L’état autant que les partenaires sociaux se sont plus souciés de la réparation.

Au moment ou la réforme de la santé au travail  de 2021 nous parle encore et toujours d’un document unique que notre société n’arrive pas à contractualiser avec ses entreprises, nous insistons dans une voie à obédience réglementaire sans donner de sens à la prévention :

  • Que faisons-nous pour l’action de travail ?
  • Que faisons-nous concrètement pour les nouvelles organisations du travail ?
  • Les relations au travail doivent-elles être automatiquement conflictuelles ?
  • La prévention des risques et l’usure professionnelle sont-elles des enjeux de société ?

Le travail occupe ou devrait occuper la moitié de notre vie sur Terre. Une vingtaine d’années hors du travail mais dans des fonctions d’apprentissage, suivies d’une quarantaine d’années dans l’action de travail, tout ceci se finissant par, ce qui est souhaitable, une vingtaine d’années de retraite … Avec tout cela, nous arrivons à notre espérance de vie moyenne.

Pour assurer nos retraites, la maîtrise de l’usure professionnelle est un levier non négociable dans les années qui viennent.

L’usure professionnelle se mesure péniblement (et ce n’est pas un mauvais jeu de mots). Si les 10 facteurs de risques professionnels, réduits à 6, sont avant tout orientés sur les impacts physiques, la place des risques socio-organisationnels est à repositionner.

Notre culture et notre pays tendent vers les services bien que l’industrie doive être le socle de toute société qui souhaite disposer d’une certaine gouvernance.

Les services amènent des relations interpersonnelles quasi-constantes pour lesquelles on ne forme pas ou peu. La technicité existe dans les métiers, y compris ceux portant sur le contact direct – indirect. Appréhender son environnement et les relations en fonction des organisations du travail n’est pas chose aisée et je vous invite à  lire les ouvrages – libérer l’entreprise ou les nouvelles organisations du travail (voir ci-dessous)

Certains espaces de travail laissent trop de place aux managers alors que dans d’autres le manager ne sait plus quel est son rôle. C’est ainsi que l’on voit le terme de management toxique (on voit même des éléments ressortir en ce sens sur le web) apparaître ou celui de « pervers-narcissique » (on peut même tester son « emprise »).

A l’aune de ces évolutions, la pénibilité n’est pas seulement physique, on peut être usé autant physiquement que mentalement.

Et peut-on mesurer aussi facilement cette usure mentale ?

Les pathologies du dos liées au vibrations ou au port du charge sont conditionnées, pour les plus lourdes à des IRM, support difficilement contestable. Pour les dérives graves liées à l’amiante que nous avons vécu par le passé, les radio mettent en avant, des années après l’exposition, des plaques pleurales non discutables, …

Une usure mentale ne semble pas autant facile à déceler pour les entreprises et plus contestable. L’évolution de notre culture montre que l’Histoire se répète.

25 ans en arrière, c’est-à-dire au milieu des années 90, et cela a duré jusqu’au milieu des années 2000 (je l’entends encore aujourd’hui), certaines entreprises trouvaient des explications extraprofessionnelles aux déclarations de MP du tableau 57 survenus dans leurs effectifs (joueur de tennis, les jeunes tiennent moins le coup, il fait de la moto, il retape sa maison, …).

Avec les risques musculo-squelettiques, le tableau 57 a pourtant ouvert, dès le début des année 90 la voie à une reconnaissance partielle des troubles socio-organisationnels. Les préventeurs savent depuis longtemps que la survenance des pathologies musculo-squelettiques est liée aux contraintes physiques autant que mentales.

Pour autant, la reconnaissance se base uniquement sur le diagnostic médical associé aux symptômes physiques ? Si l’approche TMS Pro a tenté une approche globale, elle n’agit pourtant en rien sur les organisations au fond de l’entreprise pas plus que sur les fonctions managériales. On ne peut que constater les dégâts des organisations néfastes sans y agir.

Les préventeurs restent en arrière plan lors de ces ré-organisations et la sphère des psychologues, sociologues et médecins du travail trop peu intégrée aux sein des organisations privées pour peser sur ces objets.

Les conséquences du travail sur la santé et ses enjeux physiques autant que mentaux devraient alerter l’état dans les choix des réformes des retraites et de l’usure professionnelle. En paraphrasant, nous devons « penser le travail et non le panser ». La prévention des risques est trop organisée en silos, chacun ayant une vison parcellaire mais se pensant en position centrale. Les visions systémiques sont quasi absentes des réflexions d’entreprises par la mise en avant de courants minoritaires et expérimentaux qui mettent à mal les organisations et les Hommes.

Jérôme Allaire

GRIPHE Conseil

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