L’outil ou l’envie ?

performer en prévention se résume-t-il à mettre en œuvre des outils ?

L’outil comme support sacré ?

En prévention, on voir fleurir les outils et chacun vend une solution, une organisation en plus, en comparaison à l’existant.

On aime bien ajouter tel ou tel support d’animation, de suivi terrain, d’outil d’observation, … sans réel diagnostic préalable mais pour faire comme un concurrent, une autre entreprise ou alors parce qu’un manager a amené une solution miracle dans ses valises en changeant d’entreprise.

C’est parfois surprenant pour mes prospects (plus que pour mes clients, qui me connaissent 😉) mais je cherche toujours à savoir ce qui a été fait dans le passé avant de répondre par une offre budgétaire. Et parfois, il est très difficile de connaitre le passé d’accompagnement d’un futur client… Parce que le résultat n’a pas été celui attendu, l’entreprise n’a pas rebondi sur l’accompagnement précédent, les messages n’ont pas été repris et se sont perdus avec le temps, la fonction prévention est, bien souvent, en souffrance dans ces cas…

L’outil et l’accompagnement ne fonctionneront qu’en lien avec l’envie de l’entreprise et l’engagement au plus haut niveau. Ça n’est pas une surprise mais un constat très (trop) fréquent.

Encore aujourd’hui, j’accompagne sur des formations et expertises une entreprise, belle ETI, qui a des difficultés à s’organiser / se structurer (au plan général, je ne parle pas que de S& S T). Après quelques années à s’engager vers une organisation « entreprise libérée », plusieurs centaines de milliers d’Euros dépensés pour l’accompagnement puis ce constat d’échec, cette entreprise repart sur un engagement S&ST sans liaison avec le fonctionnement actuel (l’outil magique des visites sécurité amené par un manager arrivé récemment). Une fonction S&ST en déshérence, des managers non convaincus sur le sujet et surtout une direction totalement absente si ce n’est pour signer une politique / engagement sans réelle conviction puisqu’absente autant sur les sinistres que pour féliciter. Cette entreprise repart vers un échec annoncé… mais elle met en place un nouvel outil !

L’envie essentielle pour transformer l’essai

En parallèle, certaines entreprises commencent les échanges par l’envie de mieux faire sans savoir quelles orientations suivre. Elles veulent un diagnostic qui permettent de consolider les bases présentes et tracer une route avec des jalons concrets (Go/No Go selon les objectifs à chaque étape). Et là, les impacts sont réels et les résultats suivent en peu de temps.

Cela fait plusieurs entreprises que j’accompagne dans un objectif plus d’éducation / transmission au management par le biais de la S&ST. Aucun outil supplémentaire n’est mis en place, l’objectif est d’utiliser / faire évoluer ceux en place pour optimiser et intégrer la S&ST au quotidien. Quand je commence à faire de la S&ST uniquement à travers des outils spécifiques, c’est le début de la fin pour l’encadrement.

Je valorise peu les réussites de mes clients mais quand vous commencez avec un client au printemps 2024 et que la tendance après 3 sessions d’accompagnement est à -50% sur l’accidentologie déclarée, que les soins et « oufs » du quotidien remontent de plus en plus et que les managers expriment leur envie pour l’un à animer des points 5’, pour l’autre à renforcer l’analyse des événements non souhaités et pour tous à exprimer leur compréhension du sujet, le challenge est (presque) gagné… les outils complémentaires viendront si c’est nécessaire.

Et alors, quoi faire ?

Alors oui, chasser les solutions clés en main et recentrez-vous sur le fond : l’organisation du travail (pas le management ni l’outil manquant) mais bien qui fait quoi ? les missions attendues sont à assurer et assumer par chacun, les fonctions doivent être claires, … quelles sont les relations réelles vs relations attendues ? A l’instar du travail prescrit et du travail réel, quelle que soit l’organisation du travail, il est l’heure pour les préventeurs de s’intéresser aux organisations prescrites vs les organisations réelles ?   Les outils d’animation et de « management » ne répondront pas à une organisation défaillante sur le long terme, elles posent un pansement temporaire.

Si cette orientation est prise et admise, les fondements d’une prévention durable pourront être posés.

Merci

Jérôme

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