Règles d’or ou règles pour sauver des vies

A l’instar des règlementations, du Code du travail et autres supports réglementaires, on aime bien s’en plaindre, mais on aime bien en ajouter « des règles » (peut-être est-ce simplement pour une meilleure lisibilité de la loi ?).

Le règles d’or / les chartes sécurité

Je ne dirai pas « toutes » les entreprises manufacturières, mais une grande partie possède une charte ou des règles d’or, un support mettant en avant des rappels sur des notions à respecter dans son environnement de travail.

Ces règles « élémentaires » s’appuient sur les accidents les plus fréquents et on y trouve volontiers des sujets comme :

  • Tenir la rampe dans les escaliers.
  • Porter ses EPI.
  • Ne pas courir.
  • Respecter les règles de circulation.
  • Intervenir sur un équipement seulement avec l’autorisation / la formation adéquate.
  • Stationner en marche arrière (ça en général on adore dans les entreprises… 😉)
  • Maintenir ma zone propre et rangée (parfois cela va jusqu’au 5S).
  • Signaler les dangers et agir en conséquence
  • Arrêter sa machine avant d’intervenir
  • Boucler sa ceinture lorsque l’on conduit un chariot de manutention
  • S’équiper du PTI lorsque je suis seul
  • Connaître les pictogrammes des produits que j’utilise

Finalement j’ai trouvé que les éléments que je possède se retrouvent en une dizaine de points exception faite des particularités liées à une activité spécifique. Ce qui me surprend est souvent l’absence de contrôle sur ce standard. Il existe, est affiché mais il est rarement évalué sur la connaissance / la compréhension / l’application.

Ces règles sont généralement présentes par « similarité » des autres entreprises. Il en faut, mais au fond, …, pourquoi ?

C’est une manière de marketer l’offre sécurité, de communiquer facilement avec un visiteur, un nouvel embauché sur des sujets élémentaires de sécurité. C’est déjà beaucoup finalement lorsque c’est fait.

Les règles pour sauver des vies

Elles sont, quant à elles, à inscrire comme des non- négociables, elles font souvent écho à des règles de droit claires et/ou font l’objet de recommandations de la CNAM TS (https://www.ameli.fr/entreprise/tableau_recommandations )

Ces règles sont différentes, elles portent sur des risques « HPG » à Haut Potentiel de Gravité en cas de survenue d’un accident corporel. Il s’agit de points plus précis comme :

Espaces confinés

  • Les  espaces confinés et son support CATEC ; même s’il n’est adopté que par le seul CTN C, c’est un vrai support d’inspiration lorsque l’on travaille sur ce risque, la formation des intervenants et les bonnes pratiques de travail.

(https://www.ameli.fr/sites/default/files/Documents/31336/document/r472.pdf)

Travail en hauteur

  • Le travail en hauteur, c’est un sacré sujet que celui-ci… il faut d’abord commencer par savoir ce que chacun entend par travail en hauteur (« et au fait on compte au niveau de la tête ou des pieds », je suis certain que vous avez eu ce type de question). Plus délicat, lorsque le décret BTP de 1965 a été abrogé, nous avons perdu notre référence de 3m. Elle subsiste encore, je crois me souvenir lorsque l’on travaille sur toiture (c’est la hauteur à partir de laquelle un filet doit être placé sous toiture – vous pourrez me confirmer en commentaires…). Le décret de 2004 a eu pour vertu de ne plus laisser le doute sur les dispositifs de levage de personne « exotiques ». La formation pour les PEMP est obligatoire et elle est largement adoptée par les CTN.

(https://www.ameli.fr/sites/default/files/Documents/633940/document/r486a.pdf )

Il reste toutefois de grosses difficultés sur la réalité de l’utilisation des échelles – le législateur ferme volontiers les yeux.

Les PIRL se sont développées (elles restent souvent encombrantes et peu mobiles lorsque l’usage bouge).

il y a également une recommandation sur les points d’ancrage et sur l’utilisation des systèmes d’arrêt de chute (harnais).

(https://www.ameli.fr/sites/default/files/Documents/9919/document/r430.pdf –  https://www.ameli.fr/sites/default/files/Documents/9952/document/r431.pdf )

Consignation

  • La consignation au sens large (on parle de LOTO moi j’aimais bien la version française CODé pour COnsignation/DEconsignation). Un véritable enjeu sur lequel il reste encore à travailler car si ce n’est l’habilitation électrique à la consignation, il n’existe rien de formel pour les fluides et le risque mécanique. L’INRS publie un guide (https://www.inrs.fr/media.html?refINRS=ED%206109 – ED 6109) mais chaque entreprise assume, à sa sauce et plus ou moins selon ses retours d’expériences une démarche plus ou moins aboutie.

Chute d’objet – effondrement

  • Risque d’effondrement / chute d’objet : c’est un sujet abordé depuis longtemps de le domaine du BTP à travers les tranchées mais c’est un risque réel dans les entrepôts de stockage lorsqu’il existe des piétons passant à l’aplomb de stockage de hauteur. Ce point fait souvent partie des « règles pour sauver des vies » mais il reste moins présents que d’autres.

(https://www.ameli.fr/sites/default/files/Documents/6845/document/r255.pdf )

Je ne vais pas détailler l’ensemble des points au risque d’un article un peu long, j’ai recensé également :

  • Le risque de noyade (bassins tampons, STEP, …)
  • Le sujet des ATEX et leur gestion (zonage, connaissance, formation, …)
  • Sans parler de consignation : les interventions sur machines, ilots robotisés, …
  • ET toute situation spécifique à une activité (risque chimique, travail au chaud ou au froid extrême, …)

Il n’est pas nécessaire, de mon avis de faire le choix entre ces 2 approches qui sont avant tout complémentaires :

=> On se donne un « code de conduite » pour tous les jours et des éléments plus critiques font l’objet de règles / procédures strictes. l’important reste de ne pas occulter le travail réel lorsque des éléments ne peuvent être respectés ou difficiles à mettre en œuvre.

Des oublis ?

Oui, c’est certain, il manque encore à intégrer une dimension plutôt santé dans ces approches thématiques pour véritablement agir sur la santé physique et mentale. il convient d’éviter de toujours penser accident du travail là où les données statistiques dérivent petit à petit vers ces risques qui sont encore trop peu appréhendées dans une approche de prévention primaire. Les règles pour sauver des vies pourront prendre une orientation santé à l’avenir pour faire face au mal-être individuel et/ou aux dérives managériales / organisationnelles .

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