Prévention et emploi des seniors

Bonjour, ce jeudi 26 octobre 2023, l’émission « les experts » de 9h à 10h sur BFM business aborde l’emploi et en particulier l’emploi des seniors.

Le débat, relativement court, moins de 30 min, fait écho à la problématique des sujets de QVCT dans l’emploi des seniors, entre autres.

Le taux d’activité est un sujet peu abordé dans les médias en France. L’augmentation de l’âge de départ en retraite a des effets très réduits si le taux d’emploi varie peu, sur les modèles de nos caisses de retraite.

A 50 ans, les ¾ des français ont une idée fixe qui est d’arrêter de travailler (dixit JH Lorenzi) . Cet « objectif » tient à différents facteurs dont :

  • Aucune vision de possibilité de progression pas plus que de trajectoire de carrière dans le travail
  • Il existe des problèmes de santé / conditions de travail à traiter et qui ne le sont pas.

L’étude réalisée et communiqué ce 26/10/2023 par la « Chaire « Transitions démographiques, Transitions économiques » (TDTE) » Cette chaire est « un lieu de recherche et de débat sur l’impact du vieillissement et de la longévité sur l’économie et la société en France ».

http://www.tdte.fr/about

Si, en France, notre taux d’activité des 30-50 ans est similaire aux autres pays, il est significativement différent pour les 55-64 ans (17 et 20 points sous les niveaux rencontrés en Allemagne et en Suède). Le taux d’activité des jeunes est aussi éloigné de ces deux pays avec un impact, néanmoins, très positif de la volonté (réussie) de développer l’apprentissage ces dernières années en France.

Si l’étude confirme qu’« Il y a une corrélation positive entre l’emploi des jeunes et l’emploi des seniors ».  je ne reprendrai pas les éléments abordés un a un.

Les recommandations de ce travail, que vous pourrez télécharger sur le site (ci-dessus) ou en bas de cet article portent sur :

 – la reconnaissance de l’utilité du travail

 – la qualité de vie au travail

 – la gestion des ressources humaines

Ces 3 sujets sont des éléments abordés dans les questionnaires de vécu au travail et/ou les questionnaires de culture de prévention.

J’ai souvent mis en avant l’importance d’une approche systémique des risques dans les entreprises. Le risque lié au départ des seniors se retrouve sous différentes formes : perte de compétences, perte de la compréhension de l’entreprise (d’où vient-elle ?), perte de transmission, …

D’aucun d’entre vous pourraient objecter sur d’autres éléments favorables à ses départs et j’en suis bien conscient.

L’approche systémique que je prône vise à se poser les questions de la prévention des risques professionnels à l’aune de la durée d’une carrière professionnelle. Sachant que chaque salarié pourra changer d’entreprise plusieurs fois dans sa carrière, il peut sembler impossible de gérer cette prévention sur le long terme.

Ce rapport a le mérite, de mon avis, d’aborder ce sujet très directement et d’arrêter de cloisonner les « travailleurs » dans une cas selon leur âge.

Alors que l’on se plaint des conditions de travail sans doute autant orientées sur le mal être psychique que physique (en lien à notre évolution du travail salarié). Que l’âge de la retraite fait débat et a du mal à réellement s’intéresser à la « pénibilité », la vraie révolution du travail ne tient pas, de mon avis, dans les modes de management (la mode de l’entreprise libérée  fait long feu). Elle se trouve plutôt dans les organisations d’entreprises en intégrant le facteur humain comme une denrée rare. Cette denrée rare, nous devons la gérer, l’accompagner, autant sur le court terme avec les risques de flux tendus (un taux de chômage bas facilite les mouvements) que sur le long terme (comment emmener mes équipes à travailler dans mon entreprise le plus longtemps possible sans impacter sa santé psychique ni physique ?).

Je témoignais, l’année passée d’une  intervention dans une grande entreprise française qui se posait la question du travail des seniors. Je suis « rassuré » par les conclusions de cette étude car mon analyse s’en approchait.

De manière empirique, sans être aussi complet, j’avais proposé des axes de travail très proches.

Si, comme je l’avais expliqué, à l’époque, autant les syndicats de salariés que l’équipe de direction entendaient mes conclusions, ils ne semblaient pas prêt à franchir le cap.

Ce cap se composait d’éléments de RH, de prévention, de QVCT pour conduire le plus loin et dans les meilleures conditions chaque salarié. Ce cap s’est heurté à l’aspect financier dans la gestion de carrière.

Nous négocions toujours un salaire dans nos entreprises plutôt que des conditions sûres et saines de travail… Un enjeu sur l’appartenance à l’entreprise et l’intérêt porté au collectif professionnel.

Je vous invite à lire les deux études ci-dessous et surtout à ouvrir votre vision à une approche systémique des risques.

L’objectif « zéro accident » est peu ambitieux et réducteur d’une vision passéiste de la prévention. L’organisation doit viser une approche globale de la prévention intégrant les sujets de l’organisation du travail, de la gestion des carrières, de l’évolution des compétences, du maintien dans l’emploi et de l’adaptation des postes, …

Cette étude sur l’emploi des seniors pourrait être un véritable levier de réflexion et de travail pour les préventeurs et les entreprises.

A vous lire.

https://www.bfmtv.com/economie/replay-emissions/les-experts/les-experts-comment-ameliorer-l-emploi-des-seniors-26-10_VN-202310260329.html