Travail de nuit et horaires atypiques

Travail de nuit, et après ?

Le travail de nuit est une réalité de la vie de nombreux français et françaises. Ce rythme de travail est devenu une habitude dans certaines activités malgré les connaissance des pathologies potentiellement engendrées.

Dans le cadre du documentaire sur France 3 Centre « Elles travaillent la nuit » – disponible jusqu’au 20 novembre 2022 – Auteur-réalisateur – Guillaume Terver – Coproduction France Télévisions – Je relance un article sur un sujet connu mais que l’on évite trop souvent en prévention.

travail de nuit
https://www.france.tv/france-3/grand-est/elles-travaillent-la-nuit/3344260-emission-du-jeudi-13-octobre-2022.html

Le cadre international du travail (juste à temps, mondialisation de nombreux flux, interdépendance des activités, …) n’aide pas à chercher et tester des solutions pour réinventer ce travail de nuit en particulier.

Le documentaire se centre sur les femmes travaillant la nuit et, pour cela, c’est une nouveauté. A travers plusieurs portraits de femmes (crèche, industrie, contrôle aérien, hôpital …), elles nous livrent leurs avis sur le travail de nuit et parfois sur ce choix. Des rythmes différents pour chacune d’elles entre travail de nuit permanent, 3x8h, présence 24h, …

Je vous propose de dresser un portrait de l’état des lieux et vous livrer quelques réflexions. les verbatim repris ci-dessous sont ceux qui m’ont sans doute le plus marqué.

  • « La seule solution que j’ai trouvé c’est d’être de nuit » un lien aux enfants très fort
  • « On travaille de nuit parce qu’on gagne plus. »
  • « A l’hôpital c’est 1€ brut en plus par heure de nuit. » la nuit c’est encore la possibilité d’être avec les patients. »
  • « dans la nuit on a toujours un coup de barre ».
  • « Au début quand j’étais de nuit, tous les matins j’avais mal au cœur » « c’est l’heure de quoi en fin de compte » (manger, dormir, …).
  • « Après quelques années, le corps il prend une claque. »
  • « mon mari a énormément d’amis, mais moi j’en ai pas. »

Au-delà, la position de la femme, dans cette situation, est difficile avec une double vie travail / domicile. Les tâches ménagères et l’accompagnement des enfants au quotidien restent un poids important à porter. Cette double charge influe sur la santé.

Les problèmes de santé se découvrent au fil du temps.

Il y a quelques années que nous connaissons les effets néfastes du travail de nuit sur la santé. « En 2008, le travail posté impliquant une perturbation du rythme circadien a été classé comme « probablement cancérogène pour l’Homme » (groupe 2A), sur la base d’ »indications suffisantes chez l’animal de laboratoire » et d’ »indications limitées chez l’Homme » pour le cancer du sein »

Le travail de nuit a depuis fait l’objet de nombreuses publications surtout sur la santé long terme. Il convient et cela est très bien rappelé dans le film les difficultés et risques augmentés au quotidien :

  • Risque routier.
  • Gestion de l’alimentation.
  • Vie de famille, …

En 2016, l’ANSES confirmait de nombreux méfaits du travail de nuit :

« Ainsi, les résultats de l’expertise mettent en évidence des effets du travail de nuit sur la santé, avec différents niveaux de preuve scientifique, les effets sur :

  • La somnolence, la qualité de sommeil et la réduction du temps de sommeil total, et le syndrome métabolique sont avérés ;
  • La santé psychique, les performances cognitives, l’obésité et la prise de poids, le diabète de type 2 et les maladies coronariennes (ischémie coronaire et infarctus du myocarde) sont probables ;
  • Les dyslipidémies (concentrations trop élevées de certains lipides dans le sang), l’hypertension artérielle et les accidents vasculaires cérébraux ischémiques, sont possibles. » – site web ANSES
support d’origine publié par l’ANSES en 2016

L’INRS publie en ce mois d’octobre une ED 6500 sur les pratiques addictives. Les rythmes de travail atypiques sont un facteur de risque important dans la survenue de ces pratiques.

Travail de nuit en alternance : quel rythme privilégier ?

La dernière publication de l’INRS, « références en santé au travail » sept 2022 synthétise les questionnements auprès de cette institution.

Un condensé intéressant à lire (je vous laisse le faire plutôt que vous apporter la conclusion) ;-).

En 2016 puis en 2021, l’INRS a proposé des colloques, séminaires sur le travail de nuit et les horaires atypiques. Les risques sont connus. Les solutions aussi mais les enjeux semblent trop forts et l’emportent actuellement sur l’impact sanitaire.

je me permets de vous solliciter sur vos essais de changements pour passer d’une organisation traditionnelle en 3 ou 5x8h ou autre à une organisation acceptée par toutes et tous.

Lorsque l’on parle d’emmener, en bonne santé, les salariés jusqu’à la retraite, le travail de nuit est l’un des challenges à résoudre.

Je vous transmets également, ci-dessous plusieurs liens vers des articles passés sur ce sujet.

Dans l’attente de vos réflexions et commentaires.

Jerome

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