Prévention des risques mesure et objectifs pour l’encadrement
Au sein d’un groupe d’échanges entre préventeurs, une question a été posée récemment concernant les objectifs en S&ST en lien avec les incitations financières.
Ayant une journée de travail avec des étudiant-e-s, j’ai gardé cette question pour échanger avec elles et eux sur ce sujet.
Les incitations / primes financières autour de la S&ST ont fait et feront débat. Aussi faut-il objectiver sur la prévention, sur les AT, un peu des deux ou ni l’un ni l’autre ? les incitations doivent elles être individuelles ou collectives ?
Un sujet sur lequel j’ai repris les justificatifs des étudiant-e-s ainsi que leurs explications.
Chacun se trouvait avec des arguments pour/contre les incitations financières :
Arguments favorables à une incitation financière |
Arguments défavorables à une incitation financière |
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Extraits de quelques éléments…
Les situations vis-à-vis des primes et objectifs prenaient les formes suivantes :
- 6 mois sans AT donnent lieu à un bon d’achat pour tout le personnel.
- Objectif en nombre d’AT / Tf (pour l’encadrement et/ou pour les équipes) : Si l’objectif n’est pas atteint, la prime se trouve supprimée.
- A partir d’une prime définie, chaque AT fait diminuer la somme objectivée de 10% .
- Prime sur des remontées de situations dangereuses sur l’année.
- Prime d’assiduité (AT maladie, …).
- Un nombre de causeries sécurité/mois.
- …
A priori, aucun des étudiants présent n’a connaissance, dans son environnement d’objectif sur la réduction des risques à travers le document unique d’évaluation des risques. Cette possibilité est pourtant ouverte par des actions de réduction des criticités sur les risques majeurs et/ou le plus fréquents.
J’ai trouvé très positif les échanges et en particulier l’absence de naïveté sur ce sujet des futurs hygiénistes du travail de l’IHIE CNAM Angers. Les positions individuelles montrent des personnes favorables, d’autres défavorables et certaines sans avis pour le moment. La réalité du terrain et le pragmatisme montrent des étudiants ayant conscience de la place de l’incitation financière pour la prévention en entreprise. Aussi, même en considérant une éthique personnelle sur l’enjeu humain et son caractère « non marchandable » toutes et tous admettent les pratiques existantes et leurs nécessités dans les organisations qu’ils côtoient.
Je vais désormais reprendre quelques arguments :
1 – Structuration de la démarche de prévention :
Il semble nécessaire avant toute mise en place de prime que la démarche S&ST soit structurée pour que les incitations financières prennent une place identifiée. Cette remarque de l’un des groupes me semblait intéressante.
La démarche de prévention s’entend comme une approche systémique des risques parfois au-delà du seul impact humain pour aller jusqu’au risk management. Instaurer des incitations ne peut se faire qu’une fois l’état des lieux réalisé, les analyses de risques effectuées, les plans d’actions initiés. Toutefois, en matière de stratégie de couverture du risque, je ne suis pas certain de la qualification. Malgré tout, je pense qu’il s’agit d’une forme d’acceptation puisque l’on semble attendre un éventuel dysfonctionnement pour sanctionner le manager et/ou l’équipe. Le risque n’est ni évité, ni transféré, ni contourné…
Objectiver financièrement le risque humain auprès des managers et/ou du personnel, selon la stratégie de couverture d’un risque c’est donc presqu’aller à l’encontre des principes généraux de prévention.
2 – Prime en €uros ou cadeau en nature ?
La prime en Euros, comme je l’ai présenté peut prendre plusieurs formes :
- Tout ou rien : un Tf à atteindre ou un nombre d’accidents sur une période. Ce qui m’étonne le plus tient dans ce choix pour des entreprises ayant des Tf inférieurs à 5. Dans ce cas, l’accident du travail unique peut faire basculer l’objectif du positif au négatif.
- Une prime financière évolutive : c’est le cas lorsque la prime diminue de x% pour chaque événement contraire à son atteinte. On tolère donc que l’objectif ne soit pas atteint dès sa détermination mais qu’une récompense partielle est possible.
- Le bon d’achat ou la récompense en nature : Au-delà d’un nombre de jours sans accidents (avec ou sans arrêt selon le cas), les équipes sont remerciées par un « cadeau ». La démarche est quelque peu différente de la prime puisque les solutions proposées vont du bon d’achat à la machine à café gratuite pendant « x »jours en passant par des cadeaux pour marquer l’événement du type pack sécurité domestique (gants, lunettes,…)…
3 – Remercier /Valoriser par l’atteinte d’objectifs pré-sinistre ou post-sinistre ?
Il est une conviction qui ressort des échanges avec les étudiants, la prévention est peu le sujet de challenge.
Les incitations financières sont axées principalement sur la sinistralité et non sur les actions de prévention sauf exception.
L’incitation financière fait partie de nos modes de fonctionnement. Il est possible d’en discuter pendant des heures, c’est une réalité.
L’un des enjeux, serait sans doute désormais de réorienter l’incitation financière d’un dysfonctionnement qu’est le sinistre corporel ou non vers l’action concrète préventive.
Il convient de changer le paradigme actuel et pour cela convaincre que la prévention est le seul levier « remerciable » et valorisable. Cela revient à faire disparaitre ou diminuer la prégnance du Tf pour revenir aux fondements de la prévention et de ses 9 principes (mais c’est un autre sujet sur lequel le débat est ouvert depuis trop longtemps)
Belle semaine, à l’écoute de vos commentaires
Jerome
IHIE-SSET Ouest : Hygiène, santé et sécurité au travail, environnement
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Merci pour cette étude, c’est toujours utile de travailler en groupe sur un tel sujet.
Même si l’on préfère la reconnaissance à la récompense, il peut être utile de valoriser la sécurité.
Comment? je pense qu’il faut privilégier la récompense de groupe à l’individuel, plus complexe à justifier. De même, baser les bons d’achats ou autre sur les actions faites et non les résultats style TF, toujours « négociables ». Safely yours, Ph.D
Merci Philippe pour votre commentaire. il est important de confronter les étudiants à leurs réalités de demain pour qu’ils se préparent à y répondre sans être pris au dépourvu.
Jerome