Perception des risques, accueil sur un nouveau poste et formation : penser à tout et tout le monde !

Perception des risques, accueil sur un nouveau poste et formation : penser à tout et tout le monde !

 

Perception des risques, accueil sur un nouveau poste et formation : penser à tout et tout le monde !

L’idée de cet article m’est venu suite à divers échanges dans différents contextes d’entreprises avec un point commun, la volonté d’avancer sur les sujets de Santé et de sécurité dans un contexte « vision zéro ».

Cette histoire, proche de la réalité est adaptée librement par mes soins pour illustrer la difficulté d’emmener toutes les strates et diversités d’une entreprise dans une aventure commune.

– Une jeune recrue, identifiée par le « siège » d’un Groupe est vouée à un bel avenir. Elle vient de prendre un premier poste en qualité de « pépinière » dans le but d’apprendre le métier et aller vite vers un poste de responsable de service à horizon 2-3 ans. Ce Groupe a recruté un talent. Ce même Groupe met en avant sa politique sécurité et son objectif louable de 0 accident grave à moyen terme. Je trouve cela encore plus méritant, car si la vision zéro accident doit nous animer, instaurer un zéro accident en objectif engendre trop souvent des dérives malsaines.

Nous sommes dans un contexte favorable à la réussite des expéditions « talent-pépinière » et « zéro AT » dans un business plutôt bien orienté avec la conjoncture actuelle. Il est tentant de se dire que les deux vont grandir ensemble vers un objectif commun : La performance d’entreprise.

1 – La perception du risque, je l’ai déjà évoqué de nombreuses fois et la dernière fois dans un article évoquant le baromètre de l’IRSN (http://www.hsseassist.com/2017/10/perception-des-risques-et-securite-par-les-francais.html).

Comme nous l’avons déjà partagé, cette perception des risques est individuelle et collective à la fois. Individuelle car nous avons toutes et tous des vies différentes menées plus ou moins linéairement, avec des rencontres heureuses ou malchanceuses. Ces parcours nous confrontent, en général, très peu avec les sujets de sécurité ou de santé avant de devenir adulte et entrer dans le monde du travail. Pourtant, notre premier contact avec l’entreprise est un vrai choc de cultures (et là sans rentrer dans les discussions entre générations). Que l’on ait 20 ans ou 55 ans, la première journée de travail est un passage primordial avec des découvertes, des déconvenues et une nouvelle référence dans son monde quotidien.

Sauf accident de parcours (problèmes de santé, accident de proche ou soi-même), la sécurité au travail porte bien son nom, elle est liée au travail. Ces sujets sont donc peu connus avant cette période sauf exception. Et si on en a entendu parler, c’est bien souvent avec une connotation négative.

J’en reviens à ma « pépinière » hautement recommandé par les recruteurs du Groupe. Entreprise ayant une ambitieuse politique de santé et de sécurité au travail…mais qui en oublie de poser la moindre question lors du recrutement sur la perception de la sécurité ou sur un comportement à avoir face à une situation particulière, … Loin de moi l’idée de vouloir cataloguer les candidats, mais c’est de mon point de vue la porte d’entrée pour poser les bases par l’interrogation et en faire un point central plutôt qu’une politique affichée.

Venant de PME, notre jeune talent a 3-5 ans d’expériences et n’a reçu aucune formation ni sensibilisation aux sujets de S&ST. Autant dire que les premiers jours dans les ateliers sont difficiles car en décalage complet avec sa vision de sujets de S&ST. Son approche est essentiellement guidée par les standards de l’entreprise en absence de toute conviction sans doute par manque de compréhension et d’une perception étriquée du sujet. Cette absence de connaissance du métier et de ses risques amène notre talent à prendre des risques et, c’est parfait, se faire corriger par des opérateurs de première ligne.

Le problème est qu’elle insiste notre pépinière,… elle m’a avoué sans que cela la choque, avoir été reprise au moins 3 fois par des personnes de terrain (alors qu’elle aurait pu la faire cette manipulation sans porter de gants !).  Les opérateurs de premier rang ont très bien réagi et c’est là l’un des réussites de cette entreprise. Nous sommes passés au-delà de la contrainte pour entrer dans une ère encore balbutiante de la bienveillance.

Ces bonnes pratiques sont pourtant mises en péril par un recrutement, partiellement aveugle, qui pourrait, par manque d’exemplarité faire tomber les bases d’une construction d’une culture de prévention.

2 – accueil sur un nouveau poste et formation

Cette partie est en lien avec la précédente et notre jeune pépinière semble être ravie de son entrée dans cette world company. Elle prend un poste transversal et par ce biais est passée dans chacun des ateliers de ce site afin de découvrir l’activité réelle.

Elle a été reçue par le pôle ressources humaines lors de sa première journée puis elle rencontre chaque responsable de service dans le cadre de son programme d’intégration. Elle renforce les équipes en place et cela est apprécié car dans son futur job, elle sera amenée, pendant quelques temps, à optimiser les postes (méthodes et industrialisation/mécanisation).

Lors de notre rencontre, elle a passé 5 semaines au sein des différents ateliers sur une dizaine de postes et nous en venons à évoquer son intégration, sa formation.

Et là, sans que cela soit une véritable surprise, sa formation n’est pas formalisée. Je comprends, à demi-mots, que son positionnement d’encadrement fait que la règle s’applique moins à ce niveau. Pourtant, elle m’a expliqué son manque de sensibilité (voir précédemment sur la bienveillance des opérateurs). Je creuse donc en ma qualité de préventeur en commençant par « la référence » :

« R. 4141-3 : La formation à la sécurité a pour objet d’instruire le travailleur des précautions à prendre pour assurer sa propre sécurité et, le cas échéant, celle des autres personnes travaillant dans l’établissement.

Elle porte sur :

1° Les conditions de circulation dans l’entreprise ;

2° Les conditions d’exécution du travail ;

3° La conduite à tenir en cas d’accident ou de sinistre. »

Le point 2 n’étant pas acquis, j’attaque le point 1 sans succès et je termine par le 3… Au-delà du bon réflexe d’alerter les ESI ou SST, elle ne connait ni les n° d’appels en interne ni les n° d’urgence externes…

Très satisfaite de son intégration et de l’entreprise dans laquelle elle est rentrée récemment, je me permets d’écrire qu’en retour, il me semble que l’entreprise ne prend pas véritablement soin de ses recrues.

Dans ce cas précis, avoir une politique ambitieuse en matière de santé et de sécurité de ses équipes et vouloir constituer un vivier de pépinières (futurs dirigeants) devraient se rejoindre à un moment pour renforcer le discours par les actes. Cela amènerait une vision externe sur le sujet et permettrait de challenger également ses jeunes d’obédience technique vers une dimension plus organisationnelle voire humaine du management en entreprise.

Alors qu’un atout se présente à elle, cette organisation, encore trop cloisonnée dans le fonctionnement, laisse passer une occasion de renforcer un engagement. A l’opposé, elle prend même le risque de créer des discours d’injections contradictoires entre sensibles et non sensibles.

Si le Code du Travail formalise l’accueil et la formation des personnes sur les postes de travail, il le fait a minima. Allez demander à tout manager (du monde industriel) ces deux questions :

  • Quelles sont les conditions de réussite d’un nouveau recrutement ?
  • Quels sont les éléments essentiels à la conduite d’un poste ?

Chacun pourra constater qu’un manager veut une personne répondant à ses attentes et lorsqu’elles sont écrites, elles sont plus exigeantes que le code du travail.  Intégrer une once sur les « conditions de circulation » et une pincée de « conduite à tenir en cas d’accident ou de sinistre » ne sont pas des éléments insurmontables.

 

Former, c’est investir et non dépenser. Et même si la formation est « obligatoire » car relative à un risque particulier, c’est le sens donné par le manager et les objectifs qu’il fixe à ses équipes qui en feront une réussite.

Bonne fin de semaine

Jérôme

GRIPHE Conseil

 

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