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Présentation du contexte 

Les supports de prévention dans nos entreprises et nos vies ont beaucoup évolué. Les simulations, les réalités virtuelle et/ou augmentées, les avatars, la 3D, le mobile learning, les visio-conférences sont omniprésents et prennent aujourd’hui de plus en plus de place dans notre quotidien. Le but de ces innovations est d’apprendre / échanger / concevoir toujours plus intuitivement et permettre de cibler des besoins très précis (en France la French tech et la French Fab se retrouvent sur ces sujets) 

L’industrie 4.0 désigne les nouvelles technologies développées dans l’industrie et le domaine numérique. Elles sont qualifiées de 4ème révolution industrielle. L’industrie du futur est décrite comme « plus agile et flexible, moins couteuse et plus respectueuse de ses travailleurs et de l’environnement, grâce à un fort niveau d’automatisation et une intégration numérique de l’ensemble de la chaîne de production ». L’utilisation de technologies permet d’augmenter les capacités de l’homme, qu’elles soient : physiques (exosquelettes, robot collaboratif) ou sensorielles (réalité augmentée, objets connectés). Un point de vigilance est cependant à envisager quant à l’aspect éthique de l’utilisation de ces nouvelles technologies. Effectivement, la frontière est faible entre une utilisation dans le but de préserver la santé et la sécurité des salariés et au contraire, des effets négatifs indirects comme l’augmentation des cadences (produire plus vite et en plus grande quantité). Une logique d’anticipation et d’accompagnement est à mettre en place pour éviter l’aggravation ou le déplacement de certains risques. 

Les enjeux de l’industrie du futur

L’enjeu principal est d’améliorer les conditions de travail des salariés grâce à l’automatisation et la robotique collaborative qui permettent de réduire les tâches pénibles ou répétitives pour que l’Homme se concentre sur les tâches à forte valeur ajoutée. Ainsi, nous pouvons nous interroger : quel est l’intérêt de l’utilisation des nouvelles technologies dans la prévention de la santé et sécurité des salariés au travail ? 

Cadre réglementaire 

L’employeur prend les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs.

Code du travail (article L. 4121-1)

L’employeur doit mettre en œuvre une démarche de prévention des risques afin d’assurer la santé et sécurité de ses salariés. Pour cela, il doit se baser sur les 9 Principes de prévention du Code du travail. Le cinquième principe évoque :

Tenir compte de l’évolution de la technique.

Code du travail (article L. 4121-2)

Le cadre réglementaire est en constante évolution sur ces sujets, par exemple, la réalité augmentée ou la réalité virtuelle ne dispose pas de cadre réglementaire, la plupart des problématiques possibles est donc couverte par d’autres réglementations déjà existantes (traitement des données personnelles, code du travail, …).

 

Les nouvelles technologies de l’industrie du futur 

Exosquelette 

Définition de l’exosquelette : ensemble des technologies utilisées afin d’apporter une aide physique à l’utilisateur dans l’exécution d’une tâche, par une compensation de ses efforts et/ou une augmentation de ses capacités motrices. Il existe 2 types de dispositifs : les Dispositifs d’Assistance Physique (DAP) avec ou sans contention et les Robots d’Assistance Physique (RAP) avec ou sans contention guidés manuellement par l’homme. 

Les principaux exosquelettes utilisés dans le monde du travail sont les DAP avec contention qui apportent une aide aux membres supérieurs et/ou au dos, ou des exosquelettes corps entier qui agissent sous le principe du transfert. Ainsi, les exosquelettes permettent d’assister les mouvements des opérateurs à l’aide d’un principe de restitution de l’énergie mécanique. Ces dispositifs peuvent être proposés dans le cadre : de troubles musculosquelettiques (TMS) et de charge physique très présents en entreprises – de populations de travailleurs vieillissantes – du désir des entreprises de se moderniser et d’augmenter les progrès technologiques. Ils sont utilisés dans tous les types d’entreprises, quels que soient leur taille ou leur secteur d’activité. L’objectif principal étant la réduction des contraintes biomécaniques. 

Ainsi des études ont montré que si les exosquelettes permettent de réduire localement certains efforts musculaires lors de tâches de manutention manuelle, ils peuvent en également conduire à l’augmentation des efforts fournis par les muscles antagonistes au mouvement assisté. L’utilisation des exosquelettes peut engendrer différents risques :  

  •  Mécaniques (collision avec l’opérateur ou avec un tiers), en lien avec la charge physique (TMS),  
  • Liés à la charge cognitive (possible perte de contrôle et d’autonomie et/ou sentiment de dépendance à la machine).  

De plus, l’usage d’un exosquelette inadapté à la personne ou à la situation de travail peut rendre l’outil inefficace dans son rôle principal qui est de réduire la charge physique. 

Cobotique-robotique 

Définition de la robotique : science et technique de la robotisation, de la conception et la construction des robots. Le robot agit seul avec des opérateurs autour. 

Définition de la cobotique : c’est un robot qui assiste l’Homme, une partie des tâches étant automatisée mais c’est l’Homme qui est en charge du pilotage. Ainsi, la cobotique associe les compétences et l’intelligence de l’humain avec la force et la robustesse du robot. Elle permet à l’opérateur d’être déchargé de tâches répétitives, de prévenir les TMS, d’avoir un meilleur rendement et une flexibilité accrue des procédés. C’est pour cela que la cobotique représente un des enjeux majeurs de l’usine du futur. 

Dans l’industrie, la cobotique permet de déplacer des objets très lourds en « éliminant » leur poids. Cela donne la sensation que l’objet glisse sur de la glace et peut se manipuler sans effort. Un autre système similaire permet de guider l’emplacement des pièces à un endroit précis et d’éviter les collisions avec les objets environnants. En revanche la cobotique représente des risques inhérents à la coactivité Homme-Robot tels que les risques mécaniques (chocs, écrasements), risques psychosociaux (contacts répétés, appréhensions des contacts même si qualifiés de non dangereux, appauvrissement des tâches ou surcharge cognitive du fait du renforcement d’activités de contrôle et accroissement de la complexité du travail).  

Voir un article de 2014 à ce sujet : https://blog.griphe-conseil.fr/2014/12/penibilite-et-robotique-exosquelette-ou-cobotique/ 

Réalité virtuelle et augmentée 

Définition de simulation numérique – réalité virtuelle :  La RV représente l’obtention d’une immersion et d’une interaction avec des contenus numériques, par l’intermédiaire de périphériques et d’interfaces multimodales de perception, de navigation et d’interaction en trois dimensions (souris, joysticks, manettes, casques ou écrans 2D/3D, gants de manipulation, systèmes avec retours d’effort, etc.) et/ou de communications à distance médiées comme dans le cas des applications multi-utilisateurs (ANSES 2021) 

Définition de la réalité augmentée :  “Les technologies de RA, à la différence de celles de réalité virtuelle, visent l’intégration d’éléments simulés dans le monde physique réel et non pas la substitution de ce monde physique réel par une simulation virtuelle. On trouve parfois aussi les termes « réalité diminuée » pour désigner des applications pouvant supprimer certains éléments visuels d’une scène réelle.” (ANSES 2021) 

Schéma du continuum réel – Virtuel inspiré et adapté de Milgram (et al., op.cit)

La numérisation : penser les usages 

La transformation digitale permet aux entreprises de gagner en productivité, en efficacité et en flexibilité. Les principaux outils sont : les objets connectés, l’internet des objets, l’intelligence artificielle, le big data, le cloud computing et la cybersécurité. L’usage des données numériques générées par ces outils peut améliorer la prévention des risques professionnels. En effet, il est possible de générer des systèmes intelligents qui sont capables de traiter un nombre très important de paramètres associés aux procédés de fabrication, aux ambiances physiques tels que le bruit, les rayonnements et les substances chimiques entre autres afin d’anticiper la survenue de situations dangereuses. 

Mais l’utilisation de ces outils connectés peut aussi mener à une dégradation des conditions de travail. Effectivement, ils recueillent des données sur l’activité des salariés ce qui va renforcer le contrôle.  

Il est nécessaire de porter une attention particulière lors du recueil de ces données puisqu’elles vont être utilisées, conservées et protégées. L’intelligence artificielle peut aussi mener à la baisse de vigilance et d’attention des opérateurs face aux risques. L’utilisation de ces outils peut également être source de RPS. Ils sont susceptibles d’entraîner un appauvrissement des tâches, une perte d’autonomie et d’expertise ou encore une baisse de collaboration entre les salariés.  

Enfin, l’insertion de ces données sur internet crée un problème lié à la cybersécurité des systèmes interconnectés : défaillances, virus informatiques ou encore cyberattaques. Ces différents éléments pourraient avoir un impact majeur sur les infrastructures voire même endommager les dispositifs de protection. 

Approche critique des outils 

SWOT 

L’ensemble des nouvelles technologies est critiqué au moyen du SWOT (cf. tableau ci-dessous) afin de faire apparaitre les forces, faiblesses, opportunités et menaces que ces outils représentent. 

Matrice SWOT

Les questions qui ressortent sont : 

  • Quelle est la (nouvelle) place du salarié ?  
  • Quel est l’avenir du salarié avec l’arrivée et l’implantation de ces technologies dans l’industrie ? 

L’avènement de ces technologies soulage les pressions physique et psychologique exercées sur les salariés mais vraisemblablement risque d’en créer des nouvelles. 

Accompagnement du changement 

La mise en place d’une nouvelle technologie en entreprise est complexe. En effet, cela implique une phase d’apprivoisement et d’adaptabilité de l’outil à l’activité de l’entreprise. On parle alors d’organisation puisqu’il est nécessaire de définir les rôles de chacun.  

Ce nouvel outil vise à améliorer des process, faciliter la production en réduisant/supprimant les risques, il est donc nécessaire de savoir quelle sera désormais la contribution humaine. Deux options sont envisagées :  

  • L’Homme en tant que simple utilisateur de l’outil ne nécessitant pas de connaissance approfondie, ou bien  
  • L’Homme en tant qu’acteur à part entière dans les prises de décision liées au choix de l’outil ou à sa conception.  

Afin de pérenniser ces nouvelles technologies en entreprise, la deuxième option serait celle à considérer. Cette dernière prend en compte l’Homme comme réel atout de l’entreprise. 

Avis des étudiants sur les évolutions à venir 

Les évolutions à venir sont d’abord relatives à la maîtrise des nouveaux risques potentiellement crées par l’ensemble des technologies de l’industrie du futur. Pour cela, une actualisation des normes techniques et relatives à la sécurité doit être envisagée. L’INRS mène actuellement différentes études sur les sujets suivants : la robotique collaborative, les robots d’assistance physique, les exosquelettes, la fabrication additive, les équipements de protection individuels intelligents, etc. L’intelligence artificielle, la cybersécurité ou la réalité augmentée sont régulièrement l’objet de veille de la part de l’INRS. Comme le rapporte un article du magazine Usine Nouvelle en octobre 2020, les outils qui seront mis en place dans le futur seront créés pour des besoins spécifiques d’une personne, d’un groupe de personnes ou d’une entreprise. 

La crise actuelle de la COVID-19 a accéléré certaines pratiques en entreprise. Effectivement, l’augmentation du télétravail a entrainé une hausse d’offres de logiciels, outils ou encore de matériels innovants. Plusieurs technologies comme le “ cloud ”, les technologies sans fil, la réalité augmentée, la réalité virtuelle ou même encore la cybersécurité sont en constante évolution depuis plusieurs années. 

Il est également possible d’imaginer que des technologies émergentes et révolutionnaires aujourd’hui seront totalement développées et maîtrisées d’ici quelques années. L’entreprise Dell estime que l’Intelligence Artificielle (IA) ne remplacera jamais les aptitudes humaines mais que d’ici 2030, l’IA permettra de révolutionner le travail en entreprise. 

En industrie, on parle d’une quatrième révolution industrielle, une industrie du futur toujours plus numérisée depuis plusieurs années. Les nouvelles technologies vont modifier et modifient déjà les processus de production, la logistique et les modes de travail. 

Cet article a été rédigé par Marianne Fauchet – Pierre Granchère – Léa Lebouc – Leïla Mechter – Julie Ploquin 

Références bibliographiques 

Réalité virtuelle, réalité augmentée et création : des enjeux bien réels. Par Cerasela Vlad, Avocat. (village- justice.com), consulté le 10/03/2021 

https://www.delltechnologies.com/fr-fr/perspectives/future-of-work.htm, consulté le 11/03/2021 

https://www.inrs.fr/inrs/themes-travail/industrie-du-futur/ce-qu-il-faut-retenir.html, consulté le 11/03/2021 

https://www.la-fabrique.fr/wp-content/uploads/2017/10/N20-Industrie-futur-progres-technique-web.pdf, consulté le 11/03/2021 

https://www.inrs.fr/media.html?refINRS=DC%2023 , consulté le 22/03/2021 

https://www.inrs.fr/inrs/themes-travail/industrie-du-futur/industtrie-futur-travaux-inrs.html, consulté le 22/03/2021 

https://www.inrs.fr/inrs/recherche/etudes-publications-communications/doc/etude.html?refINRS=ET2018- 005, consulté le 22/03/2021 

https://www.inrs.fr/media.html?refINRS=TD%20250, consulté le 22/03/2021 

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