ISO 45001 – on ne peut pas certifier l’humain !

Plutôt qu'avoir cette affirmation, je préfère repositionner les termes en : "peut-on certifier l'humain ?"

Et, la prévention des risques professionnels se limite-t-elle à l'humain ?

En ces termes, comme tout préventeur, je veux mettre en avant les multiples leviers en matière de santé et de sécurité au travail

Un problème ou une solution est envisagé selon trois axes :

 – l'axe humain

 – l'axe organisationnel

 – l'axe technique

Aussi plutôt que dire on ne peut pas certifier l'humain, j'ai plutôt cette approche  : peut-on certifier la prévention des risques professionnels ou toute démarche en santé et sécurité au travail ?

Question inutile ! l'ISO a déjà tranché, l'AFNOR s'est engouffrée dans la vente de formations et accompagnements…Cette question inutile si on se réfère aux organisations devient primordiale par sa compréhension et les raisons d'un refus de l'ISO en S&ST en France autant qu'en Allemagne par ex… De plus, comme je l'avais écrit, l'OIT s'était retirée de cette norme comme de la collaboration à toute norme ISO de type sociale dès décembre 2017 suite aux "largesses" prises par l'ISO…

 

la dimension technique de la prévention des risques est-elle certifiable ?

Depuis de nombreuses années, le Code du Travail régule les dimensions techniques.

L'exemple le plus flagrant est sans doute celui portant sur la conception et la conformité des machines. Depuis les décrets de juillet 1980 suivi des directives européennes depuis la fin des années 80 jusqu'aux normes harmonisées (réputées équivalentes à la loi), les machines sont en quelque sorte "certifiables".

L'exemple des agents chimiques dangereux est aussi intéressant mais plus récent. Si à la fin des années 90, on se rendait compte en Europe que seules 3% des matières actives étaient connues quant à leurs conséquences potentielles pour l'Homme et, ou, l'environnement. Aujourd'hui, on peut dire, a minima pour l'Europe, qu'il existe un certaine "certification" par le biais des déclarations et contrôles en place.

Ainsi les dimensions techniques sont en grande partie "certifiées" par les lois et les normes. et c'est sans doute ici que l'on trouve la différence entre sécurité et santé au travail. Les éléments, de type machine, que l'on sait contrôler sont certifiables. Une machine peut-être conforme du point de vue de la sécurité (référence aux directives machines, électro-magnétique, …) tout en rendant obligatoire une présence humaine avec plus de 60 actions techniques par minute.., C'est bien sur cette dimension qu'il faut différencier les organisations ayant une approche sécurité et celles ayant une vision plus systémique de l'Homme dans son environnement de travail.

 

La dimension organisationnelle de la prévention des risques est-elle certifiable ?

Face à l'habitude de l’organisation pyramidale, on voit, surtout depuis deux décennies, de nombreuses alternatives être proposées aux entreprises.

Depuis les organigrammes à plat, les organisations matricielles, le lean management, les structures dites "agiles"… on a un large choix.

On constate également, dans l'actualité récente que des organisations souhaitables voire même encouragées à un moment de vie d'une entreprise peuvent être décriée quelques années plus tard (cf renault-nissan et son ex-dirigeant). L'approche, sans doute directive, des débuts qui a permis de sauver une entreprise et constituer un n°1 mondial n'est plus d'actualité.

Il s'avère qu'aucune étude viable ne met en avant qu'une des organisations est meilleure qu'une autre en matière de prévention. On est même surpris aujourd'hui d'entendre les plus jeunes générations demander plus de cadrage , de sens… ce qui peut s'apparenter à la tradition pyramidale de la hiérarchie.

Je vous invite à faire le lien avec l'article publié en 2013 : http://www.hsseassist.com/article-les-nouvelles-organisations-du-travail-entre-souffrance-et-performance-114160704.html ou plus récemment celui portant sur la comédie inhumaine…

 

J'en suis aujourd'hui convaincu, on peut certifier une organisation vis à vis d'un modèle spécifique (Lean, mode projet,…) ; mais on ne peut pas certifier une organisation quant à son impact sur la S&ST. Chacun constate que les leaders restent des faiseurs autant que des destructeurs d'organisations. il existe encore peut d'organisations réellement résilientes, tout du moins dans l'industrie manufacturière qui est le domaine que je connais le mieux.

 

La dimension humaine de la prévention des risques est-elle certifiable ?

Dans cette partie, je veux établir le parallèle avec la dimension organisationnelle. ce sont les Hommes qui sont à l’œuvre dans le fonctionnement des organisations.

Pour celles et ceux qui ont eu la chance de découvrir la prévention dans différents pays, vous avez certainement constaté que nous avions toutes et tous des pratiques liées à nos cultures.

Aussi, j'ai constaté qu'une ligne matérialisée au sol suffisait dans certains pays à éloigner d'un risque, par respect des règles et compréhension de celles-ci. En comparaison, j'ai également vu des pays où, les protections machines ne suffisaient pas, par contournement des opérateurs.

Pour mieux comprendre ces écarts, je vous invite à reprendre l'article du 21 février 2019 (http://www.hsseassist.com/2019/02/la-prevention-des-risques-une-recette-a-toutes-les-sauces.html) concernant, entre autres, la perception des risques. Certifier l'humain, c'est de mon point de vue, faire fi des cultures et standardiser là ou la créativité et l'innovation sont impératives… Un préventeur devrait vraiment prendre le temps de lire des ouvrages comme le baromètre de l'IRSN ou "la perception des risques" de Bruno CHAUVIN. Standardiser rassure les dirigeants face à des cultures différentes, si les grandes lignes peuvent être communes, les manières d'animer, de former, d'accompagner sont différentes d'un pays à l'autre.

Mon point de vue, vous le connaissiez déjà, pour les habitués…

Il n'est pas développé complètement ici et je ne peux que me donner le temps, dans le futur, de développer de manière plus structurée ces 400 articles dans un ouvrage à la fois pratique et basé sur des analyses plus générales du travail et ces relations. Aucune recette…des ingrédients à positionner selon sa culture, sa maturité et son envie… l'ISO peut être un guide mais aucunement une fin de parcours et la certification n'est pas réellement souhaitable.

Au plaisir

Jerome

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