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Ou, quand on confond certification, culture et conformité en santé-sécurité au travail.

 

Bonjour,

 Après quelques difficultés dans mon emploi du temps, je reviens à l’écriture d’un article d’un contenu qui pourrait faire réagir et toujours en lien avec ma ligne éditoriale.

 

A deux jours d’intervalles, j’ai échangé avec deux entreprises ayant une triple certification qualité / sécurité / environnement voire une quatrième pour l’un d’entre elles qu’est l’énergie.

Le premier échange se situait dans la cadre d’une visite de type rapport d’étonnement avec le directeur. Nous avons échangé sur les pratiques et les leviers forts actuels, comme ceux de progrès. Il est important d’expliquer que ce directeur souhaitait avoir un œil neuf dans un cadre nouveau. Il trouve l’approche autour des certifications trop restreinte et documentaire avec peu de prise de recul.

Nous abordons donc son organisation au sens large puis les différents métiers. Démarrage assez classique de tout diagnostic (quel est l’environnement et l’organisation au sein desquelles j’interviens).

Il était convenu que je ne regarde aucun document mais que je corrobore mes échanges avec le directeur et son HSE par les échanges et observations terrain.

Je pourrais qualifier le système en place de forteresse imprenable du point de vue certification tant il est maîtrisé et porté par les managers comme outil d’attaque et de défense.

Il s’est avéré qu’au fur et à mesure des échanges, des failles réglementaires flagrantes sont apparues. Elles portaient sur des éléments de santé-sécurité au travail (formation, suivi,) et aussi sur des éléments sociaux du Code du Travail.

Je pose ici, une question : si l’amélioration continue prime dans les certifications, peut-on, ad vitam aeternam, se féliciter d’un certificat tout en ne possédant pas les basiques pour la S&ST ?

 

Le deuxième échange était intéressant à plusieurs titres :

  • Multinationale

  • Triple certification QSE

  • Site avec un métier à part dans cette grande entreprise

La présentation amène la mise en avant d’une culture de sécurité importante portée par les opérateurs dans un contexte de zéro AT depuis pas mal de temps (activité de services et de formation technique).

Dans l’échange, il apparaît que cette filiale, un peu laissée de côté par le siège ne possède pas de document unique et n’a pas procédé à l’évaluation de son risque chimique malgré des situations critiques.

Ma deuxième question est la suivante : Peut-on parler de culture sécurité élevé si on ne respecte pas la loi ? et les basiques réglementaires ne sont-ils pas des éléments de la culture de sécurité (respecter une règle, comme par exemple sur la route, est la première pierre à l’édifice ?) – la loi (le règlement) fait-elle partie de la culture de sécurité ?

Ces deux cas sont intéressants par les limites qu’ils montrent et les interprétations de chacun et chacune. A l’heure où l’ISO 45001 pointe son nez et face au refus de signature par la France, je comprends mieux certaines réticences même si j’en étais convaincu. Les cas concrets me parlent plus facilement que certains débats d’organismes paritaires.

Nous sommes amenés, de plus en plus fréquemment, à intervenir pour ce type de diagnostic ou d’audit dans un format rapport d’étonnement.

Alors que j’ai travaillé dans deux grands groupes internationaux et que j’ai prôné la logique de l’ILO-OSH 2001 à une époque, la première fois que l’on réalise une intervention de ce type c’est un peu comme être au bord du précipice : le client ne vous donne pas une consigne très claire si ce n’est étonnez-nous !

Je peux vous dire que l’enjeu en vaut la chandelle et je ne peux qu’inciter tous les dirigeants/directeurs à (faire) chahuter vos équipes sur leurs réels engagements plus que sur leurs implications (voir la différence… 😉 au milieu de l’article).

Sortez de temps en temps de votre cadre pour réellement performer et faire de la prévention à l’envie et non lors de la réunion d’avancement habituelle du plan d’actions. Être performant, c’est se mettre en danger. Hé oui, même en sécurité il faut savoir se faire remuer, secouer pour franchir des caps.

Le confort de la norme endort plus qu’il ne motive.

Il est dommageable que les relations clients fournisseurs se fassent à conditions d’obtention de certificats. La standardisation n’a jamais aidé à la création de pépites. Et comme souvent, ce ne sont pas ceux qui font le plus cas de leurs réussites qui ont les meilleures pratiques…

La norme générale en management est un enjeu d’experts en médiocrité. Elle ne répond pas, pour les sujets de SST, à nos enjeux occidentaux orientés depuis presque 20 ans sur l’humain et ses relations au travail comme les inter-relations au sein des organisations.

Dites-moi que vous voulez paraître en SST et je vous conduirais à la certification…

@u plaisir

Jérôme

 griphe management

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  1. Henri

    Hello !

    Je n’ai rien à ajouter… Je résumerais juste avec ces deux idées :

    – Une norme de SMS&ST c’est un outil de prévention, la certification est un outil de communication. Et les normes de SM n’ont aucune exigence de certification. Ceux qui confondent les deux (c’est trop souvent le cas, car tous les marchands du temps poussent dans ce sens) ne sont motivés surtout que par la communication (ex : combien d’entreprises envisagent les normes de SM seulement en termes de « projet de certification » plutôt sue de progrès de performance).

    – Chez nous (et plus largement en Europe) le vrai référentiel de management prévention c’est notre réglementation S&ST. D’ailleurs les normes de SM ne s’y trompent pas puisqu’elles prônent de baser le SM sur les exigences réglementaires. Mais elles n’exigent aucun résultats au fond.

    A+

    1. safetyfirst

      merci de cette synthèse !

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