• Auteur/autrice de la publication :
  • Post category:Non classé
  • Commentaires de la publication :0 commentaire
  • Temps de lecture :17 min de lecture

 

Ce jeudi soir, 9 janvier 2020, j’ai commencé l’année par une conférence sur « vision managériale : pourquoi et comment la construire en prévention ».

C’était un véritable honneur d’être mis en avant au sein d’une école par laquelle je ne suis pas passé, à l’occasion d’une journée de travail et d’échanges entre étudiants et anciens de cette formation, IHIE CNAM à Angers.

Parler de ce qui vous anime depuis des années, ce pour quoi vous travaillez et ce sur quoi vous avez construit votre entreprise, c’est un vrai plaisir.

C’est certes du temps de préparer une conférence.

Je trouve que c’est toujours l’occasion de prendre de la hauteur et du recul sur un sujet. C’est également se poser les questions du cheminement qui nous a conduit à notre point de vue, celui qui sera présenté lors de cette conférence.

 

Ce qui m’amène à rédiger ces quelques lignes sont les minutes qui ont précédés la conférence.  8 groupes avaient travaillé sur :

  • Les qualités / compétences clés
  • Les difficultés
  • Les points d’attention

de la fonction prévention.

 

Je n’ai malheureusement pas assisté à l’ensemble des restitutions mais à quatre sur huit. J’ai repris un certain nombre d’éléments dans ma conférence ensuite.

 

1 – Sur le sujet des qualités / compétences clés, de nombreux termes sont revenus pour qualifier cette fonction.

Le terme de bienveillance est revenu de nombreuses fois. Il s’agit d’un terme utilisé depuis peu d’années dans le monde du travail. Il exprime, selon le Larousse, une « Disposition d'esprit inclinant à la compréhension, à l'indulgence envers autrui ». Ce terme ne me convient que partiellement dans son application réelle dans l’entreprise. Le droit à l’erreur semble désormais acquis.

Si la bienveillance invite à la compréhension, l’indulgence ne peut pas être permanente. Je reste ainsi partagé sur ce terme utilisé dans le cadre professionnel. Je préfère utiliser les termes de compréhension et de droit à l’erreur plutôt que l’indulgence (ou alors, mettons-nous d’accord sur l’indulgence qui ne doit pas dériver sur le laisser-faire ou le laisser-aller).

Mon point de vue précédent se complète par l’un des termes également entendu qu’est l’équité (dans une approche visant la crédibilité), et l’acte managérial de la sanction. J’ai apprécié que les étudiants abordent ce sujet. Il est, sans doute, un peu trop mis de côté depuis quelques années. La sanction relève d’un véritable courage managérial, et, là où nous sommes déjà pauvres dans les félicitations, nous le sommes encore plus dans la sanction.

J’ai moins aimé « savoir imposer un E.P.I. ». L’E.P.I. a ses justificatifs, il est l’avant dernier dans les 9 principes généraux de prévention.

 

L’E.P.I. ne s’impose qu’en dernier recours. Dans l’agro-alimentaire, par exemple, il reste encore très difficile dans les milieux bruyants de trouver des absorbants phoniques aptes aux conditions de nettoyabilité et d’hygiène intrinsèque requises. Le port des bouchons d’oreilles reste un moyen de protection souvent idéal. Sans doute trop idéal puisque les fabricants de machines oublient de réduire les sources de bruits liés aux frottements et chocs métalliques par des bandes de téflons ou autre….

Les qualités suivantes expriment des éléments de réussites essentiels :

  • Être organisé
  • Être factuel
  • Prendre de la hauteur – savoir faire appel à son réseau
  • La curiosité
  • La méthodologie
  • L’écoute,…

Chacun des étudiants a bien intégré les exercices oraux et écrits de synthèses nécessaires à construire pour les différents types d’interlocuteurs rencontrés au sein des organisations. Si la compréhension est là, il restera, dans leurs avenirs, à tester son expression en fonction de son interlocuteur…

 

 

2 – Quelles difficultés pour cette fonction ?

Les imprévus dans les métiers de la prévention sont réels et ils ont été mis en avant par un groupe d’étudiants. Les imprévus sont souvent mis en parallèle aux événements non souhaités. Ils peuvent également se trouver dans la gestion d’entreprise extérieure non anticipée.

Les imprévus dans les fonctions HSE plus largement, on les trouve également dans les visites institutionnelles. Si elles peuvent être programmées, elles sont aussi « surprises » que ce soit dans le domaine du droit de l’environnement (ICPE en particulier) ou du Droit du Travail (Direccte).

 

La manque de coopération est une véritable difficulté dans de nombreuses organisations. La fonction HSE peut se trouver réduite à une fonction de contrôle, de certification et ne pas être intégrée à chaque fonction. C’est un point d’attention, que découvre le candidat, bien souvent à ses dépens, quelques semaines ou quelques mois après avoir pris un poste. Cette coopération est réelle dans les organisations matures du point de vue de la prévention. Elle beaucoup plus difficile dans les organisations naissantes.

 

Une difficulté relevée par les étudiants m’a plus surpris, mais elle est réelle et n’a sans doute pas été assez intégrée par les générations passées : l’équilibre vie personnelle – vie professionnelle. Comme le point précédent, on se rend compte de la possibilité de cet équilibre après quelques temps dans une entreprise. Son organisation propre et son engagement permettent également de chercher cet équilibre. Je reste, de mon côté, convaincu que l’investissement au travail, les premières années, aide à accumuler l’expérience qui permet de mieux équilibrer son temps par la suite (c’est un point de vue personnel issue de mon passé).

 

3 – Les point d’attention étaient également assez nombreux et toujours pertinents, j’en ai retenu quelques-uns.

Le premier m’a fait sourire alors qu’il est pathétique : l’anglais et sa maîtrise. Pour encore de trop nombreux étudiants français, l’anglais reste un frein et une crainte.

La dernière fois que j’ai testé mon niveau à travers le TOEIC, c’était il y a tout juste 3 ans. La salle était pleine d’étudiants qui repassaient tous ce test dans le but, je crois d’obtenir 750 ou 780 pour leur diplôme d’ingénieur. Ils se chambraient car les résultats du précédent test étaient, pour certains, très éloignés de leur but. Si de nombreux ouvrages existent en français, ils sont insuffisants pour prendre du recul et faire progresser nos pratiques en HSE. L’anglais est la langue des publications de recherches et de billets réguliers. L’anglais c’est également ce qui permet les échanges via des réseaux comme linkedin avec des préventeurs d’autres horizons. Nous ne devons pas avoir peur de nous exprimer. L’arrêt de notes basées sur la grammaire et la conjugaison nous aideraient à commencer à parler…

 

Un autre sujet me parle directement dans ces points d’attention. Il fait écho à ce qui est souvent traduit par les économistes avertissant les entreprises sur leurs impacts environnementaux, leurs relations humaines, les produits, …, ce sont les valeurs de l’entreprise. Non pas les valeurs écrites par un comité de direction ou des équipes communications / commerciales, je parle des valeurs réelles, de l’ADN de l’organisation. On se rend compte d’éventuels conflits de valeurs dans les mois qui suivent une prise de poste. J’ai trouvé intéressant que ce sujet ressorte ; il rejoint en partie les questions de déontologie exprimée également.

 

Le troisième point est plein de clairvoyance pour des étudiants (ils sont toutes et tous en alternance cependant) : ne pas faire des promesses que l’on ne saurait tenir. L’approche HSE, et en particulier, les dimensions santé et sécurité au travail amènent à échanger tous les jours avec différentes populations au sien de l’entreprise. Il est important, très tôt, de comprendre que les promesses doivent être absentes de nos manières de faire sans l’aval des managers, des équipes de direction. Et, la plupart du temps, le rôle d’amener le changement est porté par le manager direct plutôt que le HSE.

 

De nombreux autres éléments ont été cités. Ils relevaient des points pertinents, preuves d’une certaine maturité de ces étudiants du CNAM IHIE d’Angers.

Merci pour ce bon moment.

Au plaisir de vous croiser et d’échanger collectivement ou individuellement 😉 entretenir le réseau faisait également partie d’un élément central évoqué dans les restitutions.

Jerome

support de la conférence – légèrement remanié – du 9 janvier 2020 @CNAM IHIE Angers

Laisser un commentaire