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Bonjour,

je vous reroute une question reçu par l’un des abonnés au blog. Vous trouverez son mail en intégralité ainsi que la réponse que j’ai transmise.

je suis preneur de vos commentaires et ajouts permettant de conseiller ce nouveau venu dans cette grande famille des préventeurs.

le mail transmis :

« Bonjour Jérôme,

Je suis préventeur depuis peu de temps et c’est un métier très intéressant et très vaste. Je réalise un parcours de formation dans les domaines de la prévention routière, le risque incendie, ARMMPP (agir sur les risques manutention manuelle et les postures professionnelles) ….

Je souhaite impliquer la ligne managériale afin de faire de la SST un levier pour appliquer des outils et des méthodes simples pour améliorer les conditions de travail.

C’est un peu caricatural mais aujourd’hui le préventeur (moi-même) et « sa » SST n’intervient que pour appliquer la règlementation (affichage, formations obligatoires…) ou après un accident pour analyser les causes et trouver des solutions (seul et non en pluridisciplinarité).

Je souhaite que la prévention fasse partie intégrante de nos réflexions et en amont des prises de décisions. Actuellement, on a pris le « mauvais » réflexe de mettre en place des choses et de vérifier ensuite si cela est en adéquation avec la SST avec bien souvent des écarts importants.

Je suis persuadé que la SST permet de légitimer le rôle chef d’équipe dans sa fonction et ses missions et idem pour l’ensemble de la ligne managériale.

Pour résumer je souhaite impliquer les encadrants pour qu’ils approprient la SST.

Pouvez-vous me conseiller des ouvrages qui me permettrait de structurer mon action qui je le sais est une action qui s’inscrit sur plusieurs années.

Merci et au plaisir de vous lire »

——-

Bonjour et merci de ta sollicitation,

A priori, je lis que tu commences dans ce domaine et je me suis donc, c’est plutôt positif, demandé par où prendre le schmilblick de la prévention.

1 – la mesure :

Quelle que soit ton organisation, il faut dès aujourd’hui penser à mesurer ce que tu fais.

Quelles sont les données en ta possession et que souhaites-tu améliorer ? (Quels sont les objectifs à court-moyen et long terme de ton comité de direction ?)

Si, par exemple, l’objectif est le « zéro accident », il ne se suffit pas à lui-même ! La déclinaison de cet objectif est primordiale sous forme de feuille de route avec des jalons et un délai, de moyens alloués en temps, en technique, …

La mesure doit se faire sur des axes de prévention dès le lancement d’une démarche car à trop mesurer la sinistralité, le préventeur en oublie souvent de qualifier son activité à travers : le temps passer à former, le suivi et l’accompagnement sur l’EvRP, la réduction des risques, …

Donc, faites et surtout n’oubliez pas de mesurer ce que vous réalisez !

 

http://extranet.editis.com/it-yonixweb/IMAGES/300/P2/9782091831329.GIF2 – Les ouvrages :

 A – L’un des basiques lorsque l’on découvre la prévention est un ouvrage, certes ancien, mais qui permet de balayer très large les risques professionnels simplement, est celui-ci (éditions Nathan). J’ai une version de 1998. Il semble que la dernière date de 2006. Il n’est donc pas à jour sur la réglementation ni sur certains risques émergents. Pour autant, il vous permettra de prendre connaissance de nombreuses situations très rapidement et de vous faire une idée de votre niveau de connaissance ainsi que de l’intérêt dans votre domaine d’activité.

 

B – Comme le sujet du comportement est omniprésent et qu’il donne lieu à des interprétations libres,

il me semble important de se faire sa propre opinion. Sur ce sujet, je reste accroché à un ouvrage que j’ai déjà mis en avant à maintes reprises – voir article sur le blog –. Il reste plus intéressant que s’appuyer sur des démarches anglo-saxonnes vendues en copiant-collant quel que soit l’environnement de travail et la culture de l’entreprise. Prenez le temps de lire cet ouvrage et de le mettre en parallèle à votre culture d’entreprise, vos habitudes et modes de gestion des ressources humaines en général (du recrutement, à la formation en passant par la communication interne).

 

C – cela devient difficile de faire un choix …

L’archipel du danger est ancien (juillet 1991) mais il a la vertu d’une vision large et permet de mieux comprendre les perceptions des risques individuels autant que collectives. Son sous-titre est « introduction aux cindyniques ». Il n’y a pas une vérité en prévention mais plusieurs vérités (référentiels individuels et collectifs). Aussi, la richesse de cet ouvrage tient vraiment dans ses parallèles aux réalités, certes anciennes, mais concrètes. C’est sans doute ce que je n’ai pas retrouvé jusqu’à maintenant dans de nombreux livres plus récents. Lien blog

 

D – En ouvrage individuel, je m’arrêterai sur ce livre très intéressant par ses exemples et ses illustrations. Parfois, cela peut paraître éloigné de son domaine d’intervention (les auteurs sont issus de la RATP). Toutefois, la richesse des expériences et une certaine prise de recul aide à structurer son activité de prévention lorsque l’on est en situation de doutes.

Allez voir en p.151, fig.27 – modélisation de la démarche systémique de maîtrise des risques à la RATP – même si cet ouvrage a 15 ans, il pose les bases.

 

E – mon dernier ouvrage de choix n’est rien d’autre que l’encyclopédie du BIT « Encyclopédie de sécurité et de santé au travail ». Toujours disponible en version papier, je crois, elle est surtout consultable sur internet via l’adresse : http://www.ilocis.org/fr/contilo.html

On y trouve tout sur tout. Son intérêt principal est sa vision mondiale et une approche 360° aidant à appréhender de nouvelles conceptions de l’environnement de travail. Il manque certes quelques informations sur des sujets plus récents comme la cobotique et les nouvelles technologies d’assistance physique (NTAP) en général…

 

Enfin et pour ne pas m’arrêter sur ces élements :

  • Bien évidemment inrs / anact
  • Les MOOC sur France université numérique
  • L’ICSI pour certains côtés
  • Un référentiel de gestion / management pour aider à se structurer sans objectif de certification surtout…

Globalement prenez le temps mais devenez un expert, on mélange trop souvent le management et les solutions toutes faites autour du comportement des opérateurs face aux accidents. les organisations sur travail et votre rigueur sur l »évaluation des risques autant , a priori, qu’a posteriori, feront que vous progresserez. Cela pourra également vous amenez de la frustration car vous vous rendrez compte que certains sujets ne vous semblent pas appréhendés à leur pleine mesure par votre manager… Des hauts et des bas, c’est la vie normal de tout job.

3 – L’organisation, la technique et les Hommes ou le Personnel, ainsi on parle de HOT ou de TOP dans les deux cas, vous comprendrez qu’aucun des axes n’est suffisant pour réussir. Ils sont tous nécessaires et se complètent. La répartition des axes de travail ne se résume pas à une répartition par tiers mais ils sont tous une partie intégrante de la réussite de ce projet sur le moyen-long terme.

Cela peut vous surprendre que je ne parle pas de la réglementation et c’est peut-être une erreur. Je ne peux que vous inciter à vous appuyer sur les principes généraux de prévention ainsi que sur la circulaire d’avril 2002 portant sur le document unique et l’organisation de l’évaluation des risques. Le Code du Travail, de mon point de vue, est réellement dans une logique d’amélioration continue si on le regarde positivement à travers l’EvRP.

Il sera important, à un moment ou un autre, de mettre votre équipe de direction face à ses responsabilités et ses engagements. Même si elle est décriée et parfois mal utilisée, la courbe de Bradley ou l’interprétation que j’en fais peuvent aider à la lecture du positionnement d’un CODIR et d’un dirigeant.

@u plaisir.

Jérôme

 

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  1. Henri

    Hello !

    Pour moi les deux livres de chevet incontournables du Préventeur de n’importe quel âge sont :

    – Dans la collection des « Que sais-je » (moins de 10 zorros !) « Le facteur humain » de C.Dejours (le pape de la psychodynamique au travail ». Ce livret permet de comprendre ce qui se joue au travail pour les salariés (et donne des clés de compréhension pour les RPS au passage).

    Petite présentation officielle : Le « facteur humain » est l’expression par laquelle les spécialistes de la sécurité des personnes et de la sûreté des installations désignent le comportement des hommes au travail. Il est fréquemment invoqué dans l’analyse des catastrophes industrielles, des accidents du travail et dans les procès ou les commissions d’enquête. On lui associe l’idée de faute. Paradoxalement, cette conception négative de l’intervention humaine repose sur une confiance sans faille dans la technique et sur une méconnaissance des sciences humaines. Cet ouvrage récapitule les progrès réalisés dans les sciences de l’homme au travail, afin de formuler une doctrine plus nuancée que celle de l’école des « human factors », dans les années 1950.

    – Aux éditions de l’ANACT (une trentaine de zorros) « Comprendre le travail pour le transformer » écrit par un collectif de pointures en ergonomie. Il est très pédagogique avec ses très nombreuses évocations d’exemples réels tout au long de la démonstration de ce que sont les étapes de l’intervention ergonomique. Il ne transforme pas le lecteur en ergonomie mais fournit au Préventeur d’excellents éléments d’analyse du travail (utiles en EvRP par exemple).

    Petite présentation officielle : Ouvrage généraliste sur la méthodologie et la pratique de l’ergonomie, «Comprendre le Travail pour le Transformer» aide à construire un point de vue sur l’activité de travail dans ses relations avec le fonctionnement de l’entreprise. Analyser et comprendre l’activité de travail permet :
    – de mieux connaître et d’expliquer les relations entre les conditions de réalisation de la production et la santé des salariés ;
    – de proposer des pistes pour la conception des situations de travail ;
    – d’améliorer l’organisation des systèmes socio-techniques et la performance globale de l’entreprise.

    Bonne lecture !

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