vidéo choc au propre comme au figuré – que ce soit au volant ou en mode piéton, l'écran n'est pas qu'un ami !
Doit-on amplifier la règle ou travailler à son appropriation pour une application partagée ?
80km/h est-ce une orientation judicieuse ?
Bonjour,
La sécurité routière reste toujours un sujet passionnel pour les français. Les discussions argumentées et les positions individuelles (relatives à nos propres expériences) relèvent pourtant presque exclusivement d’une négociation de la règle plutôt que de la remise en cause de nos comportements individuels.
Cette publication ne se veut surtout pas être une apologie de la vitesse ou une missive contre la sécurité routière. Soyez toutes et tous à l’aise avec mon discours, j’ai vécu des drames parmi mes proches sur la route et je suis de ceux qui considèrent que la voiture est incomprise par ses utilisateurs quant à ses potentiels impacts en cas d’accident.
Histoire du jour :
« Ce matin je me dirige vers un lieu de RDV, 7h45, un peu de monde sur la route, …, chacun se rend à son travail, le car devant moi emmène des collégiens et là fusée ou voiture ? Peu importe la ligne blanche pourvu qu’on ait l’ivresse ! 3 voitures + le car scolaire qui se range sur un arrêt pour prendre quelques enfants. Nous avions ralenti pour que le car dégage la route. Pas le temps, il fonce… tout ça pour se retrouver au rond-point suivant.
La semaine passée, à peu près le même constat sur une route secondaire sur laquelle je vois une voiture me rattraper puis doubler sans se soucier de la ligne blanche ni de sa vitesse ! »
Ces constats quotidiens sont complétés par le téléphone au volant, beaucoup trop présent. Et si ma perception reste personnelle et donc subjective j’ai également l’impression qu’à clamer l’égalité Homme-Femme on s’y retrouve même sur le chemin de la bêtise. Si à la fin des années 90, je voyais assez rarement des femmes commettre des infractions, aujourd’hui sur certains comportements routiers ; je peste « mais quel c…..d !» et j’aurai du dire « mais quelle c…..e ! ». S’il est un sujet où mesdames vous pouviez nous sauver c’est bien celui-là et vous avez pris le mauvais chemin.
Notre choix est-il celui de la prise de risque ? ou celui de notre sécurité ?
La diminution des accidents graves et mortels en parallèle à l’augmentation du nombre de véhicules circulant et du nombre de véhicules rend-elle la proximité de l’accident grave moins réelle ?
Au cœur des années 1980 et 1990, nous avions toutes et tous connaissances de proches touchés par un accident grave voire mortel. Aujourd’hui, ces conséquences ne nous semblent-elles pas s’éloigner et ainsi orienter notre vigilance à la baisse ? (Alors que nous étions 50 millions d’habitants pour près de 20.000 décès au début des années 70, nous sommes près de 67 millions pour 3600 décès sur les routes).
J’ai mes réponses qui ne sont sans doute pas les meilleures mais qui relèvent de ma perception et de ma vision moyen-long terme.
1 – Ma sensibilité de préventeur fait que je roule plutôt 2km/h sous les limitations de vitesse que 2km/h au-dessus. La règle existe et il s’agit d’une limite haute, a priori, si j’ai bien compris le Code de la Route. J’avoue une difficulté, les zones 30, quand elle dure sur 1km, j’ai de grosses difficultés à maintenir l’allure correcte.
Pour autant, je considère à l’instar de nombreux conducteurs que je ne suis pas exempt de reproche comme une vitesse un peu dépassée surtout en deux roues sur lequel je n’ai pas de régulateur…
Et oui, j’avoue, la technologie m’aide à être respectueux des règles comme des autres conducteurs alors qu’en moto je peux me laisser surprendre à des écarts de 10km/h en dessous comme au-dessus de la limite, ce qui n’est plus un hasard en voiture. Les avantages induits sont également une diminution de ma consommation de carburant et de pneumatiques, grâce à une conduite plus souple et orientée sur l’anticipation autant que possible.
J’ai fait mienne également la règle du transport en commun pour mes déplacements professionnels : Faites un Rennes-Tarbes en train… je peux vous assurer que cela devient un choix car en voiture vous en avez pour le même temps voire moins. Je fais également le choix de la moindre fatigue et du temps utile (possibilité de travailler).
J’ai donc réduit ma conduite à quelques 30-35.000km/an contre près de 65.000km a une époque.
Mon premier enseignement est qu’il faut avoir envie de changer ses habitudes.
2 – Prise de risques vs règle
Notre Code de la Route est ainsi fait que depuis le milieu des années 70 : La première crise pétrolière et le nombre élevé de victimes sur les routes ont amené le gouvernement de l’époque à mettre en place les limitations de vitesses (130 / 120 /90). La seule vitesse qui a été revue depuis est le 60 des villes qui est passé à 50km/h.
Un nombre important de conducteurs a connu un seul référentiel en vitesse (le 50 en ville date de 1990). Aussi, aujourd’hui lorsque l’on évoque de passer de 90 à 80km/h sur les routes secondaires, c’est modifier une règle vieille de 40 ans : est-ce pour autant nécessaire ?
Face au non-respect des règles, on change la règle par une règle plus contraignante…
C’est là l’un de nos maux communs à nos Codes, peu importe le sujet.
Mon opinion sur le sujet est très claire : Je suis partisan de règles moins nombreuses mais mieux respectées et donc, sans doute malheureusement, en France plus contrôlées.
Comment envisager de réduire une vitesse maxi de 10km/h alors que la compréhension de la règle n’est pas évidente pour une large partie de la population ?
Dans certaines de mes interventions auprès de managers, je cherche à capter des engagements personnels et, ou, professionnels visant à opérer des changements durables sur les « mauvaises » habitudes. Le constat est édifiant ; en tête de liste viennent les comportements à risque sur la route :
- Vitesse &
- Téléphone
L’alcool ne semble plus un problème majeur, chacun a intégré ce risque pour lui et pour les autres même si nos accidents graves de la route ont encore, parmi leurs causes majeures l’alcool ou les stupéfiants.
Ce qui n’est pas gagné dans le cadre du travail se retrouve dans le vie quotidienne. Nous sommes sans doute encore trop nombreux à voir les sujets de santé et de sécurité au travail comme une contrainte, qui est malgré tout acceptée car intégrée au travail. Toutefois, on perçoit très rapidement la limite des actions au sein des entreprises par les comportements individuels déviants qui reprennent le dessus une fois la porte de l’entreprise passée à la sortie du travail (la route est un exemple, les risques domestiques un second et l’alcool et le tabac… que dire).
Au-delà du constat lié à la vitesse ou l’utilisation du téléphone (sans kit mains libres), ce qui m’interpelle est l’absence de perception du risque. On voit ici, la règle réellement comme une contrainte, une atteinte aux libertés individuelles alors que chacun sera choqué par un accident mortel provoqué par un « chauffard ivre ». Quelle différence fondamentale entre ce dernier et l’utilisation du smartphone au volant, l’œil cheminant alternativement entre la route et l’écran du téléphone. Le conducteur se trouve avec une perception très réduite de son environnement (sans doute un peu comme être à une allure de 140 ou 150km/h – la vision est concentrée face à la route et on ne voit plus les mouvements latéraux qui peuvent nous alerter – voir illustration)
La communication de nos institutions est-elle alors adaptée. De moralisatrice, elle s’est voulue un peu plus basée sur l’émotion voire un peu de trash ces dernières années. Force est pourtant de constater que les changements s’opèrent par à-coups (graphe ci-dessous issu des données du Pr Claude GOT (http://www.securite-routiere.org/graphiques/graphiquemortalite.htm)
Autant dire que depuis 6-7 ans, la baisse est toute relative et que l’effet des radars s’est estompé.
Après un « point bas » en 2013, nous restons sur un pallier. Après 3427 décès en 2013, 2014 voit une augmentation de 130 morts pour à nouveau augmenter en 2015 année pendant laquelle 3616 vies ont été perdues sur les routes de France. En 2016, nous sommes aussi à la hausse avec 3655 morts (chiffres identiques à ceux de 2012…).
Alors si mon approche axée sur la responsabilisation individuelle me porte à être opposé à une limitation de vitesse à 80km/h sur les routes secondaires (majoritaires dans notre pays), à la lecture des chiffres et des comportements déviants trop souvent observés, je ne peux qu’abonder dans le sens de cette mesure.
Pouvons-nous accepter de perdre nos amis, nos enfants, nos proches sans nous-mêmes être exemplaires ? Est-ce utile de toujours râler après la règle et toujours s’accorder une parenthèse dans son application alors qu’elle nous protège (samedi, en famille, nous nous engageons au feu vert alors qu’une voiture passe au rouge !!!) et c’est moi qui suis klaxonné par l’irrespectueux ???)
Soyons responsables en comprenant le sens de la règle avant de nous opposer. Et n’oubliez pas d’interagir avec cet article…
LA SÉCURITÉ DES AUTRES COMMENCE LA OU MON COMPORTEMENT A RISQUE S’ARRÊTE.
Bonnes fêtes de fin d’année
Préventivement vôtre
Jérôme
je vous remets le lien vers cette vidéo, inusable selon moi.