Bonjour,
L’une des bases apprises lors des premières semaines de formation en IUT HSE il y a bientôt 20 ans a été la réalité du travail réalisé vs le travail prescrit.
J’ai eu la chance de côtoyer des enseignants de qualité tant dans le domaine des facteurs humains qu’en ergonomie plus physiologique.
Différentes lectures (*) m’ont permis de compléter cette approche en lien avec mes activités quotidiennes de préventeur en entreprise.
J’ai été surpris par l’incompréhension de ce constat travail prescrit / travail réel pour des encadrants de production, responsables qualité voire top-manager qui estiment que la note signée vaut règle !!!
Pour autant, ces mêmes personnes vont être en capacité à se justifier pendant de longues minutes sur un excès de vitesse ou une pratique à risque. La règle existe mais elle n’est pas respectée.
Le constat que je fais après 20 ans de prévention des risques en industrie manufacturière (je ne parle pas des industries à risques majeurs) porte sur le rôle majeur de l’opérateur de première ligne pour les situations de rattrapage.
Alors qu’il est facile de voir les écarts aux procédures uniquement lors d’accidents corporels, presqu’accidents ou accidents matériels, je positionne plutôt l’opérateur comme le correcteur / adaptateur de l’ensemble des dysfonctionnements techniques et organisationnels non écrits car non connus des managers (voire ceux-ci ne veulent pas les cautionner car ils savent qu’ils sont limites vis-à-vis de leurs responsables également…).
Ainsi, il est facile de blâmer l’opérateur de premier rang lors d’un accident alors qu’il s’est trouvé dans cette même situation des dizaines voire centaines de fois et que son geste, son attitude servent à la production.
Dès lors agir sur les comportements des opérateurs comme le veulent certains cabinets de consulting pour corriger les dérives non sécuritaires relève de l’hérésie. Ceux qui écrivent les règles, et j’en fais partie, doivent prendre conscience que le comportement d’un opérateur s’adapte aux choix de 2-34 ou plus de lignes hiérarchiques et chefs de projets ayant travaillé sur la ligne de production qu’il conduit.
Ainsi, je pense que l'opérateur, dans les environnements que je connais, en s'écartant des procédures est souvent en procédure de sauvegarde de la production et n'a pas toujours conscience de la prise de risque par cautionnement de ses responsables.
Jerome
(*)
la prise de risque dans le travail – octares éditions – 1988
Les facteurs humains de la fiabilité – octares editions – 1990
Comportements et sécurité – éditions liaisons – 2008
Rien n’est acquis !
J’ai pu faire un constat tout aussi édifiant en diffusant une formation « facteur humains » la semaine passée. Dans le monde aéronautique, cette formation est obligatoire pour éviter des erreurs dommageables à la sécurité de vol pour le personnel intervenant sur un avion (mécano, monteur, depanneur, pilote…)
En l’abordant avec le personnel d’un équipementier pour développer la culutre sécurité evitant les evenements non souhaités au niveau de la production, j’ai entendu des attentes sur des messages basiques tels que : « le responsable de votre scurité c’est vous meme » . des messages qui étaient déjà des standards il y a 20 ans. et que le personnel en dehors du HSE ne sest toujours pas approprié !
Merci Fred, il y a donc encore à faire pour amener des comportements adaptés et limiter les prises de risques que ce soit au niveau de l’encadrement ou des opérateurs.
@+
jerome