L'actualité malheureuse d'un grand manufacturier, cette semaine, montre que l'objectif du zéro accident, sain en soi, peut devenir dangereux pour les salariés.
En qualité de préventeur, l'entreprise doit avoir conscience de ses risques pour les évaluer au mieux mais également travailler à leur suppression, voire leur réduction.
Il est surprenant de "découvrir" cette pratique alors qu'elle est commune à de nombreuses entreprises.
A l'occasion d'un rachat d'entreprises par celle où je suis en poste, j'ai été en contact avec une entreprise n'ayant eu aucun accident avec arrêt pendant près de deux ans alors que nos usines du même type elles, avaient un Tf de l'ordre de 30-35 (période 2006-2008).
La réalité était une pression malsaine auprès des salariés pour ne pas déclarer les AT. Le constat a été fait par l'un de nos cadres muté sur ce site qui choqué par une pratique m'a appelé "dis-moi, il y a un salarié qui a reçu un objet sur le nez, a priori, le nez est cassé. Alors que le salarié saignait et se tenait le nez, les encadrants se sont rués sur lui pour lui faire comprendre qu'il fallait mieux qu'il ne prenne pas d'arrêt…"
Cette pratique résultait d'un objectif ambitieux de la DG de cette entreprise associée à une prime au non-accident signé par les partenaires sociaux…
Après avoir remis ces pratiques à nos standards, le Tf est devenu plus réaliste et nous pouvons travailler sur les problèmes de fond en lieu et place d'ignorer les événements…