De l’infirmier hospitalier à l’infirmier de santé au travail
Il y a quelques semaines, j’ai réalisé 3 jours de formation en sous-traitance pour un partenaire. Au cœur d’un cursus de 10 jours j’intervenais sur la partie prévention à destination d’infirmier(e)s de santé au travail néophytes.
Je suis face à un groupe de 10 personnes et parler industrie ou prévention à des personnes sortant du secteur hospitalier c’est un peu comme si on me parlait de protocole de soins… Heureusement, elles sont 3 à avoir déjà mis les pieds sur des remplacements en milieu industriel.
J’apprends petit à petit à connaître l’équipe composé de 9 femmes et d’un homme. Une participante note chaque acronyme, une autre note toutes les questions particulières pour y revenir plus tard… nous prenons notre rythme.
Comme d’habitude, je suis ravi de transmettre à d’autres et d’échanger sur des points de vue, des pratiques différentes.
La pause du premier midi (pour moi) est animée, c’est le quatrième jour de formation et la fatigue se fait un peu sentir.
Je prends part aux discussions et très vite je m’en retire. J’écoute, j’entends, j’apprends des expériences aux urgences, en psychiatrie, en neurochirurgie, … Elles sont toutes passionnées par leur métier et pourtant elles sont en cours de changement d’orientation (j’utilise « elles » le seul homme de la session était, ce midi là à l’autre bout de la table). Elles évoquent des situations passées avec plaisir et j’écoute avec attention ces échanges sur leur travail.
Je ne me pose pas la question très longtemps de ce qui les pousse à vouloir changer. Je comprends petit à petit qu’un déséquilibre s’est formé entre leurs visions du métier et la réalité quotidienne. Ce fossé est devenu un gouffre au fur et à mesure de leurs avancées professionnelles.
Elles dépeignent une situation qui reflète ce que nous entendons dans les médias (manque de moyens, de temps, une absence de reconnaissance du travail bien fait, des heures jamais récupérées, des individualités grandissantes, …)
Quel gâchis ! nous cherchons des aidants, des soutiens et nous les maltraitons.
Je suis ravi d’avoir de nouve(lles)aux collègues mais également très déçu de ce sentiment de mal être.
Aucun(e) d’entre eux(elles) ne connaissait des éléments de prévention des risques professionnels malgré parfois plusieurs dizaines d’années d’exercice. il semble (c'est peut-être un raccourci) que ce n'est pas un sujet dans la fonction publique hospitalière.
Travailler à la santé de nos corps médicaux et para-médicaux ne doit pas être une option. Leur santé est également notre santé.
C’est sans doute un billet d’humeur un peu différent de ceux d’habitude mais les échanges de ces deux jours m’ont mis devant une réalité qui n’était pas la mienne.
@u plaisir d’échanger
Jérôme