Le débat de la compétence et des connaissances en prévention des risques professionnels

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Être préventeur sans formation, est-ce possible ?

J'avais écrit un article sur ce sujet en juin 2013. Je suis fréquemment confronté à ce sujet, j'ai donc actualisé mon point de vue

Dossier infini et débats sans fin… je fais mon vieux, …, il y a encore 25 ans, la France ne comptait que 5 IUT HSE, aucune licence et quelques BAC+5. La fonction était mal connue et peu reconnue hors de certains grands groupes internationaux.

En 2019, je suis bien incapable de vous donner un chiffre quant aux formations en place en France, je crois qu’il y a près de 20 IUT HSE en France et sans doute plus du double de licences dans des domaines plus ou moins proches. Que dire des Masters qui ont fleuri à ne plus savoir faire le tri ni en qualité, ni en contenu sauf à s’appuyer sur les classements annuels des masters selon les domaines d’activités. Là encore, une difficulté puisque l’on mélange les masters QSE avec ceux dédiés à la gestion de risques ainsi, le 4è au classement (Master GRISSE à Nantes) est le seul à ne pas intégrer la qualité en préférant la gestion des risques.

Mais ce n’est pas la question à laquelle je me propose de répondre, avec mon avis et il sera imparfait car orienté par mon parcours dans le domaine.

Mon profil pour celles et ceux qui ne le savent pas, je vais commencer par le décrire pour éviter tout biais et peut-être mieux comprendre :

  • J’ai un DUT HSE datant de 1995 (Colmar)
  • Diverses UE au CNAM Paris dans le domaine du risque, du management, de la formation, … obtenues en partie par des A/R hebdomadaires entre orléans et Paris après mon travail.
  • Un master en gestion des risques au début des années 2010 à l’université de Nantes….

Voilà pour mes formations académiques.

En parallèle, je lis beaucoup professionnellement parlant et vous pouvez voir une partie de mes lectures sur mon blog. Un nouvel article paraîtra ce jeudi 12/09/2019 sur une lecture autour des RPS.

Depuis désormais 3 ans, je suis 2 MOOC/an sur des domaines liés aux sciences sociales et à la formation….

 

Donc si vous trouvez des biais dans mon écrit, la source sera peut-être à associer à mon parcours ci-dessus.

 

Aujourd’hui, plus qu’hier, le préventeur se trouve face à de multiples situations et de multiples attentes. Les risques du passé sont pour la plupart toujours présents, on y ajoute des risques du présent ainsi qu’un principe de précaution difficile à assumer.

Le risque machine arrivé avec la première révolution industrielle est toujours d’actualité. L’amiante que l’on combat depuis quelques années restera sournoisement dans nos environnements industriels et domestiques pour longtemps. L’hygiène industrielle a, plus que tout, sa place au centre de nos environnements industriels et nous parlons également de QVT.

Nous restons assez impuissants face aux nanomatériaux. La co-botique et les exosquelettes, formidables pour leurs améliorations potentielles sur les conditions physiques de travail oublient trop souvent le champ psychosocial des utilisateurs.

 

Alors face à cela, peut-on œuvrer en prévention sans formation en HSE, gestion des risques ?

Le préventeur généraliste restera, pour moi, une espèce à protéger pour laquelle il existe plusieurs portes d’entrée.

Longtemps la prévention a été transmise à un cadre ou agent de maîtrise en fin de carrière. Le corps des ingénieurs des mines faisait exception il y a plus d’un siècle dans un contexte spécifique.

Si l’on repart de l’après-guerre, le sujet de la fiabilité est né pour que les équipements fonctionnent…l’approche ergonomique est ensuite arrivée par le biais du secteur automobile à la fin des années 1960. On sort, à cette époque, pour la première fois du corps des ingénieurs pour s’ouvrir à une nouvelle discipline.

Les années 1970 voient l’ouverture des premiers IUT hygiène et sécurité en France.

 

Est-ce le diplôme qui fait la compétence ou serait-ce plutôt ce que nous faisons de ce bagage ? Répondre à cette question, c’est en partie répondre à l’interrogation de l’article.

Vous connaissez mon cursus, en complément, j’ai développé des croyances, donc des convictions qui font que je suis d’une « école de pensée » plutôt systémique que spécialiste. J’essaie, cependant, de toujours rester attentif à mes croyances (pour ce pas en faire des certitudes). Car, une croyance, doit tenir compte des éléments scientifiques existants (le phénomène « croyance vs preuves scientifiques » est croissant depuis l’arrivée des réseaux sociaux en tout genre).

A l’aune de ma posture, je prends plaisir à travailler autant avec des préventeurs autodidactes que des professeurs d’universités dans les domaines de la prévention, les échanges avec les préventeurs d’un profil similaire au mien sont en général bon.

Le constat que je fais, vient plus de préventeurs arc-boutés sur les positions et qui ni ne se remettent en cause ni ne revoient des process poussiéreux. Le préventeur d’aujourd’hui n’est pas forcément le plus diplômé, il a, j’ai une certitude, la qualité de s’ouvrir intellectuellement autant qu’humainement, voire techniquement.

La base universitaire ou technique est positive car elle fait gagner un temps phénoménal sur les sujets techniques. Mais lorsque l’on positionne les enjeux humains et organisationnels face à cela. Aucune des formations en France ne peut répondre à une approche globale satisfaisante. Aussi, cette approche systémique n’est pas, de mon point de vue, à associer à tel ou tel autre profil universitaire ou technique. De plus, les formations académiques ont eu tendance, ces dernières années à intégrer une dimensions système de management dès le niveau IUT alors que les compétences techniques ne sont pas encore complètement acquises. Dans le cadre d’une prépa et école d’ingénieur l’approche est quelque peu différente. Le bagage scientifique de base est formidable pour s’adapter ensuite aux process rencontrés. L’enjeu pour le scientifique va être l’intégration des dimensions humaines et organisationnelles en sortant du champ académique encore trop peu orienté sur ces dimensions ou alors sur des schémas qui engendrent les difficultés managériales que nous rencontrons en France.

 

Si depuis ma formation initiale je n’avais jamais repris de formation académique ou cherché à franchir des paliers par les rencontres, séminaires, conférences et depuis peu de temps les MOOC, il me semble qu’il me manquerait un grand pan de mes savoirs – savoir-être et de moi-même finalement.

Je mets cependant un bémol à l’approche systémique de la prévention en autodidacte, j’ai eu la chance, par le biais de mes formations académiques de m’ouvrir aux champs scientifiques autant qu’aux sciences humaines. Cela m’a permis de poser les briques sur des bases d’aide à la compréhension.

Il m’a manqué le pan économique dans ces formations et si j’ai repris un certain nombre de compétences j’ai toujours l’impression qu’il me manque ce socle initial…

Donc l’envie est primordiale, il est essentiel de la cultiver de la confronter et d’accepter les loupés, les erreurs.

Nos bibliothèques sont pleines d’ouvrages passionnants en prévention, ergonomie, risques industriels, RPS, … des préventeurs généralistes se mettent de plus en plus à écrire pour partager leurs expériences. Le sujet de la prévention est trop riche pour se fermer à l’une ou l’autre des disciplines et des courants.

Une formation académique comme base et l’envie comme projet professionnel !

au plaisir

Jerome

 

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