« Entre opacité des chiffres et indifférence des autorités, les morts au travail encore largement ignorés » – https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/07/15/morts-au-travail-un-flou-statistique-qui-revele-un-non-probleme-de-sante-publique_5489434_3224.html , le Monde 2019 07 15, @DuAccident sur twitter
Les morts des accidents du travail comme étendard sanglant !
Des informations partielles et partisanes, avec un recul proche du néant sans aucune analyse de la réalité des activités et des actes. Une fois n’est pas coutume, je rebondis sur des articles et des approches qui ne sont pas en phase avec mon avis et mes pratiques.
Le Travail est sans contestation aucune le lieu le plus sûr actuel en France. Cela en surprendra certains et je peux m’attirer quelques foudres, il est nécessaire de repositionner certains éléments.
- Les chiffres liés aux ATMP et accidents de trajet sont fiables et n’appellent aucune contestation, on ne fait pas d’arrondi à la dizaine ou la centaine près… C’est intolérable ! en 2017, ce sont 542 accidents du travail mortels, 264 décès dans des accidents de trajet et 336 décès liés aux maladies professionnelles soit 1142 décès. Le premier mort est de trop alors plus de 1000, c’est inacceptable (1).
- Je souhaiterai repositionner les accidents de la route avec 3259 décès dans lesquels on retrouve des accidents de travail (la route comme première cause d’accidents mortels) et la majorité des accidents de trajet (quelquesuns peuvent ne pas être comptabilisés en accidents de la route car survenant hors des voies routières : gares, chute, …).
- Le troisième niveau que j’indique concerne la maison et les risques domestiques en général. Là on peut dire que le flou commence car aucune statistique officielle n’existe. On estime que chaque année 18 à 20.000 morts (https://www.bfmtv.com/societe/lesaccidents-domestiques-tuent-20-000-personnes-par-an-1305270.html) surviennent par ce biais (en fin d’année 2018, on estimait le nombre de décès par noyade à 600 entre juin et sept 2018 (http://beh.santepubliquefrance.fr/beh/2019/16/2019_16_1.html)
- Le dernier niveau est celui le plus sujet à discussion en France face à nos atteintes aux libertés. Il s’agit des « approximativement » 110.000 à 120.000 décès prématurés chaque année liés aux consommations d’alcool et de tabac. Et si la consommation du tabac tend à baisser, on ne voit pas les résultats pour le moment ( https://www.lexpress.fr/actualite/societe/sante/letabac-cause-d-une-mort-sur-huit-en-france_2080738.html ).
Que l’on soit d’accord ou pas avec le gouvernement actuel, c’est le premier depuis plus de 20 ans à s’intéresser au domaine de la prévention des risques et pas uniquement à la réparation ou aux aspects uniquement financiers.
Que l’on soit du côté des entrepreneurs ou des salariés, une chose est certaine, le 15 juillet dernier, nos organisations syndicales ne se sont pas accordées sur la réforme à venir (http://www.lefigaro.fr/flash-eco/la-concertation-autour-de-la-reforme-de-la-sante-au-travail-echoue-20190715). Et c’est donc certainement une fois de plus dans ce mandat, le gouvernement qui va reprendre la main avec une conception faussée de la réalité des terrains existants car orientée par des intérêts particuliers.
Dans ce contexte, en qualité d’expert des domaines de santé et de sécurité au travail, je crains le changement car il peut avoir des conséquences directes sur mon activité en cours de développement mais j’attends également ce changement avec impatience.
A l’aune des 4 domaines développés ci-dessus, nos comportements à risques ont des dimensions personnelles qui nous aident ou pas… à avoir conscience de notre environnement. Selon notre culture, selon notre naissance et notre environnement familiale et éducatif, nous développons une certain appréhension des risques (voir publication annuelle du baromètre de l’IRSN – http://www.hsseassist.com/2018/10/barometre-irsn-2018.html ), vous pouvez aussi aller du côté d’un ouvrage bien étayé sur le sujet (Bruno CHAUVIN « la perception des risques » Ed de Boeck)
De nombreux préventeurs agissent pour la prévention des risques en entreprise. Et si ce sujet n’est pas toujours positionné à son juste niveau il y a certainement différentes raisons :
- Mauvaise appréciation des risques de l’entrepreneur / du manager
- Prise de risque consciente ou non de l’opérateur
- Habitudes de travail
- Inadéquation du matériel
Ces préventeurs et préventrices assurent, avec leurs moyens, la prévention. Elles et ils agissent dans le but d’éviter tout impact marquant sur la santé et la sécurité des équipes autant que pour la pérennité de l’entreprise. Leur job porte également sur la protection du dirigeant (savoir s’adapter aux règles françaises et internationales).
Malheureusement, des accidents surviennent toujours. Compter uniquement les décès, c’est obérer les 620.000 accidents du travail avec arrêt chaque année en France et tous les événements qui semblent « mineurs ». Ils sont les sources de nos accidents mortels et leur sous-estimation est un réel problème dans les plus petites entreprises.
On peut toujours mieux faire et nous devons le faire. Ce n’est pas, une fois de plus en opposant les styles et les parcours que le résultat sera atteint. La force d’un préventeur est de savoir valoriser toute pratique visant à la prévention et donc parfois de regarder le 1/10 d’avancement plutôt que le 9/10 non réalisé. Nous devons toutefois rester attentif aux expositions collectives autant qu’individuelles et limiter le risque de subir des crises sanitaires comme celle de l’amiante à l’avenir.
Jerome
(1) Sur le sujet des maladies professionnelles, il est certain que toutes les sources s’accordent sur la méconnaissance de tous les cas débouchant sur un décès (le temps potentiel de déclaration étant potentiellement long)