Perception des risques et sécurité par les français – Baromètre IRSN 2017
La culture de la prévention est devenue un véritable enjeu des organisations pour agir sur leurs sinistralités. Aujourd’hui, chacun court vers le zéro accident à tout prix. Et, sans se soucier de la culture d’entreprise ni de celle de son environnement, chaque organisation applique trop souvent des méthodes et outils anglo-saxonnes issues de contextes et cultures différentes des habitudes européennes comme des françaises.
J’avais apprécié, en son temps, « L’archipel du danger » par Kervern et Rubise aux éditions Economica, je remercie aujourd’hui l’IRSN de sortir un rapport aussi qualitatif et complet sur la perception des risques.
Ce document est un véritable livre de chevet pour le préventeur voulant accompagner son entreprise ou une organisation lambda vers une évolution de sa culture managériale. Car avant de parler de culture de sécurité ou de prévention, le levier principal se situe au niveau des managers comme premiers relais des bonnes pratiques et de l’exemplarité.
Ces 156 pages apportent de multiples informations sur la perception des risques et notre positionnement vis-à-vis de ce qu’il semble que nous maitrisons en comparaison à ce qu’il semble que nous subissons. Je vous ferai grâce de la partie spécifique au nucléaire portant sur 1/3 de l’étude.
Ainsi, des sujets comme l’alcool et le tabac qui tuent à eux deux plus de 110.000 personnes par an sont considérés comme des risques majeurs depuis 20 ans et pour autant, les actes quotidiens de la majorité des français évoluent peu.
Les relais médiatiques posent les bases de notre perception et il est certain que des éléments comme les perturbateurs endocriniens, les nanoparticules, entre autres, prennent de plus en plus de place dans notre quotidien sans que nous ayons, pour autant, une vision correcte de la situation, ce qui fait augmenter notre inquiétude et donc notre perception d’une exposition au risque réelle.
Ce constat est à mettre en parallèle de la confiance mise dans les experts scientifiques pour lesquels les français sont partagés sur divers points :
- Nous sommes majoritaires à prôner la transparence par une communication publique des rapports d’expertise et de répondre à toute question des associations et des citoyens.
- Nous sommes parfois dans une situation où nous estimons que « En matière de risque, il est normal de prendre toutes les précautions, même lorsque les experts scientifiques n’ont que des doutes » (80% d’accord) tout en souhaitant « Il faut être certain des avis des experts scientifiques avant d’informer les populations » (72% d’accord).
Agir sur la perception des risques passe par une certaine transparence et des travaux scientifiques vulgarisés mais également en grande partie par les médias et la difficulté à trier le vrai du faux dans les méandres d’internet. Si nous devons avoir une certaine confiance dans les institutions, depuis les tragédies du sang contaminé et de l’amiante, elle semble difficile à retrouver. Si bien, qu’en prenant les devants sur des sujets des perturbateurs endocriniens, du bisphénol A, des pesticides, …, les français ne savent plus, parfois à qui faire confiance. Cette situation est plus importante avec certaines activités comme le domaine médical ou le nucléaire pour lesquels nous estimons que le risque est réel sans doute par manque de transparence ou de vulgarisation des éléments face à une crise.
Au sein d’une entreprise, la perception des risques dépend de son domaine d’activité. Ainsi le dirigeant aura certainement une vision globale sans doute orientée sur son marché, le manager verra son objectif de service et son équipe, le comptable regardera sa trésorerie, … Aussi, il est important de communiquer sur les sujets de manière transverse et sans tenir compte des activités de chacun pour partager un même discours. La perception des risques avec la connaissance d’un sujet et des facteurs l’influençant.
Il semble important de comprendre que notre perception des risques n’est pas forcément universelle et qu’elle est influencée par des facteurs externes (actualité, médias, environnement, proches,…) manquants parfois cruellement de fondement scientifique.
Jérôme
Merci
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